Encadrés par un important dispositif policier, des migrants qui avaient planté des tentes ou monté des baraquements de fortune au bord du périphérique s'acheminaient dans le calme vers des bus à destination de gymnases ou de centres d'accueil franciliens. L'opération est menée par la préfecture de police de Paris et la préfecture de la région Ile-de-France.
Entre 900 et 1.800 personnes vivaient dans ce camp boueux aux allures de bidonville, selon un décompte fourni par la Préfecture de région.
Sous un vent glacial, des centaines de migrants partent avec le strict minimum dans des sacs, laissant derrière eux des tentes en vrac sur un terrain jonché de matelas, vélos et détritus.
Avec ses trois filles, Fatima, 38 ans, venue de Côte d'Ivoire, attend de monter dans un bus, en tenant sa poussette. "On dormait dans une tente, dans la saleté de ce camp. On va voir ce que la préfecture peut nous donner. Pour l'instant on ne sait rien du tout de ce qui va arriver, mais on garde espoir", a-t-elle témoigné auprès de l'AFP.
Yssouf, lui aussi Ivoirien et âgé de 29 ans, vivait dans une tente depuis décembre. Il a déjà été hébergé dans un centre pour demandeurs d'asile mais a été débouté depuis et s'est retrouvé à la rue.
"Je suis soulagé de cette opération car le froid commence à être pesant. Je suis content de pouvoir bénéficier d'un hébergement même si je sais que ça ne va pas durer longtemps. C'est mieux que rien", confie-t-il, en espérant "quand même qu'un hébergement pérenne va arriver".
Le préfet de police Didier Lallement, présent, a souligné que cette opération d'évacuation "fait suite à celle de début novembre à la Porte de la Chapelle et se situe dans la continuité des engagements pris" par le ministre de l'Intérieur Christope Castaner.
Fin du "cycle infini"
"Cette mise à l'abri n'est pas une des nombreuses effectuées. J'ai proposé au ministre un changement d'approche" qui vise à "libérer la zone" une fois l'évacuation terminée, a-t-il ajouté.
"Vous pourrez constater qu'à la Chapelle le terrain est libre de toute installation. Nous allons procéder exactement de la même manière, avec un dispositif policier" pour empêcher des reformations de camps Porte d'Aubervilliers", a-t-il poursuivi.
"Nous ne recommencerons pas un cycle infini évacuations/réinstallations. Ce serait incompréhensible pour les concitoyens", a-t-il insisté, en soulignant que les camps de migrants sont "des lieux de pauvreté et de désespoir mais aussi de criminalité".
La doctrine des autorités dans la gestion de ces campements a changé lors de l'évacuation d'environ 1.600 personnes à cheval sur Paris et la Seine-Saint-Denis, notamment à la Porte de la Chapelle, le 7 novembre.
Au lendemain de l'annonce du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, affirmant que ces sites allaient être évacués avant fin 2019, la préfecture de police avait prêté main forte à la Préfecture de région - qui gère d'ordinaire les mises à l'abri -, en opérant un tour de vis sécuritaire: plus aucune réinstallation sur la Porte de la Chapelle n'est possible depuis, en raison d'un imposant dispositif des forces de l'ordre.
Pour autant, avec cette opération, l'engagement du gouvernement n'est toujours pas tenu: dans les deux mois d'intervalle entre les deux démantèlements, environ 300 migrants se sont installés à la Villette, la Porte suivante.
Pour le préfet de police, Porte de la Villette "il y a malheureusement un déport" car des personnes en situation irrégulière quittent les centres d'hébergement.
Selon l'association Utopia56, d'aide aux migrants, les "blocages administratifs ont pour conséquence le maintien dans la rue d'une majorité des habitants des campements et donc la reformation inexorable de nouveaux campements après les démantèlements".
L'évacuation du camp de la porte d'Aubervilliers est la 60e importante opération de mise à l'abri de migrants depuis 2015.
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