L'institution était à l'arrêt depuis un mois et demi, déterminée à défendre le régime spécial dont elle bénéficie, voué à disparaître dans le cadre de la réforme du système de retraites promue par le gouvernement, qui a suscité grèves et manifestations dans le pays depuis le 5 décembre.
Un texte de l'intersyndicale a été lu avant le début de la représentation: "Pour préserver l'intégrité économique de l'Opéra, nous avons pris la décision d'assurer ce spectacle ce soir, mais nous restons mobilisés pour le retrait de ce projet de loi", peut-on entendre dans une vidéo partagée sur Twitter par un spectateur dans la salle.
En un mois et demi de grève, plus de 70 spectacles ont été annulés. Les pertes en billetterie, qui atteignent désormais près de 15 millions d'euros, sont supérieures à la contribution annuelle de l'Etat à la Caisse de retraite de l'Opéra.
Le discours de l'intersyndicale, entrecoupé de huées et d'applaudissements, ne précise pas si la reprise des représentations est définitive.
"Patrimoine culturel unique"
"Nous avons tâché par de nombreux moyens de faire entendre notre profond attachement à l'excellence de notre maison ainsi qu'à la transmission d'un patrimoine culturel unique", a précisé le représentant de l'intersyndicale.
A quelques heures de Noël, la mobilisation des grévistes de l'Opéra de Paris avait fait le tour du monde quand une quarantaine de danseuses du corps de ballet de l'Opéra avaient donné un mini-spectacle improvisé devant des affiches "Opéra de Paris en grève" et "La culture est en danger", sous les applaudissements des badauds.
Une semaine après, les musiciens de l'orchestre de l'Opéra de Paris organisaient un mini concert sur les marches de l'opéra Bastille, interprétant quelques morceaux très connus du répertoire classique, comme la Damnation de Faust d'Hector Berlioz ou la Danse des chevaliers, extrait du Roméo et Juliette de Sergueï Prokofiev, avant de terminer sur une interprétation de la Marseillaise.
Et mi-janvier, l'orchestre et le choeur de l'Opéra ont offert, entre autres, un extrait de Carmen de Bizet et "La Marseillaise", sous des applaudissements nourris ou des "vive la grève!" lancés par des spectateurs.
L'Opéra comme la Comédie-Française sont les seules institutions culturelles concernées par la réforme du gouvernement. Le régime spécial de l'Opéra est l'un des plus anciens de France, puisqu'il date de 1698, sous Louis XIV.
Ce régime permet de tirer sa révérence à 42 ans, compte tenu de la "pénibilité" du métier, des risques de blessure, et du fait que la majorité des danseurs peut difficilement continuer à danser les grands ballets au-delà de cet âge avec le même niveau d'excellence.
Musiciens, machinistes et chanteurs évoquent également la pénibilité de leur travail.
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