"C'est un grand honneur pour moi d'être le premier président de l'Histoire à participer à la Marche pour la vie!", a lancé le milliardaire républicain devant une foule conquise rassemblée sur les immenses pelouses du "National Mall".
Au même moment, à quelques centaines de mètres de là, dans l'enceinte du Congrès, les sénateurs poursuivaient leurs débats dans son procès en destitution.
"Ils s'en prennent à moi parce que je me bats pour vous", a-t-il lancé dans une allusion à cette procédure qui laissera, qu'elle qu'en soit l'issue, une tâche indélébile sur son mandat.
Le milliardaire républicain qui, en 1999, se disait très "pro-choice" (favorable à la possibilité de choisir l'avortement), est désormais plus que jamais déterminé à se positionner comme le président le plus "pro-life" de l'Histoire.
Dénonçant, dans un discours aux accents de meeting de campagne, les positions "les plus extrêmes et les plus radicales" de ses adversaires, il s'en est pris avec virulence à l'"extrême gauche" et a multiplié les hommages aux "millions de femmes extraordinaires à travers l'Amérique" qui se battent pour "le droit à la vie".
"Chaque enfant est un don sacré de Dieu", a ajouté l'ancien homme d'affaires de New York devant les manifestants arborant des crucifix ou des pancartes "Les droits humains commencent dans l'utérus".
"Ils n'ont aucune preuve"
"Ma fille est adoptée, elle ne serait pas là si sa mère n'avait pas choisi la bonne voie", confie Jim Bolognio, venu avec ses amis du New Jersey. L'homme de 63 ans l'affirme haut et fort: il "adore Trump" et est persuadé que tous les militants anti-avortement se rendront aux urnes en masse pour le faire réélire.
Beverly Atkins a conduit 13 heures depuis l'Alabama, dans le sud des Etats-Unis, pour participer à ce rassemblement. "La vie commence à la conception", martèle la quinquagénaire vêtue un T-shirt bleu "Choisissez la vie".
Comme la plupart des manifestants sur place, elle est totalement insensible aux auditions sur le procès en destitution de Trump. "Ils n'ont aucune preuve", insiste-t-elle. "C'est une mascarade, payée par le peuple", déplore son ami Doug Clement.
En 47 ans d'existence, la "March for Life" n'avait jamais accueilli un président américain . Marjorie Dannenfelser, présidente de "Susan B. Anthony List", puissante organisation anti-avortement, y voit un véritable "tournant".
La manifestation est organisée tous les ans autour du 22 janvier, date anniversaire de l'arrêt emblématique de la Cour suprême "Roe v. Wade", rendu en 1973, et légalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans tous les Etats-Unis.
A l'approche du scrutin du 3 novembre, où il briguera un second mandat, Donald Trump, qui n'a jamais cherché à élargir son socle électoral, sait qu'il doit jouer serré avec les chrétiens évangéliques blancs, qui avaient voté à 81% pour lui en 2016.
Avec les nominations de Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh à la Cour suprême - deux juges "extraordinaires" selon ses termes - qui ont cimenté l'institution dans le conservatisme, il a galvanisé les militants anti-avortement.
Leur rêve? Remettre en cause l'arrêt "Roe v. Wade". Ou, à défaut, autoriser les Etats à adopter des lois très restrictives sur les interruptions volontaires de grossesse (IVG).
Le test de la Louisiane
Le premier test décisif aura lieu en mars, quand la Cour suprême se penchera sur une loi adoptée en 2014 en Louisiane, Etat conservateur du Sud.
Le texte prévoit d'imposer aux médecins volontaires pour pratiquer des IVG d'avoir une autorisation d'exercer dans un hôpital situé à moins de 50 kilomètres du lieu de l'opération.
Selon les défenseurs du droit à l'avortement, ces conditions sont trop drastiques et seul un médecin et une clinique pourront continuer à pratiquer des IVG dans tout l'Etat. Un nombre très insuffisant, soulignent-ils, pour les quelque 10.000 avortements pratiqués chaque année.
La Louisiane justifie cette mesure en évoquant les risques de complication et la nécessité, en cas de problème, de pouvoir transférer les patientes dans des hôpitaux voisins.
La décision permettra d'évaluer si le temple du droit américain a, sur ce sujet très sensible, changé de position. En juin 2016, six mois avant l'arrivée du magnat de l'immobilier au pouvoir, elle avait jugé illégale une loi similaire adoptée au Texas.
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