Ils ont pu s'échapper temporairement de leur quotidien et s'ouvrir à l'art. Six jeunes détenus du centre pénitentiaire de Saint-Aubin-Routot, près du Havre, ont été invités l'été dernier à prendre la parole et à s'exprimer sur des œuvres d'art.
À l'origine de ce projet, soutenu par la Protection judiciaire de la jeunesse, Karine Chevallier, qui travaille au sein de l'association Les Cueilleurs d'histoires, dont la vocation est de mener des projets en lien avec les mots. Karine Chevallier est donc allée à la rencontre de ces personnes incarcérées avec une quinzaine de reproductions de photographies et de peintures exposées au MuMa, portant sur les thématiques du Havre et des femmes. Les six détenus ont dû s'exprimer sur deux œuvres : l'une choisie et l'autre imposée. Ils ont répondu aux questions suivantes : Que vois-tu dans cette réalisation ? Que ressens-tu ? Est-ce que tu accrocherais ce tableau chez toi ? Pourquoi l'aimes-tu ? Pourquoi tu ne l'aimes pas ? À quelle musique l'associerais-tu ? Les entretiens ont duré une heure, en moyenne.
La matière récoltée a permis de construire une exposition présentée à la librairie La Galerne du Havre, depuis le jeudi 23 janvier et jusqu'au samedi 22 février. Cette expo À 3 au musée se présente sous forme d'affiches sur lesquelles une partie des témoignages ont été retenus pour que ce soit agréable à la lecture. "Le choix a été extrêmement difficile", reconnaît Karine Chevallier. "Les jeunes m'ont fait des premières impressions et il y a des choses sur lesquelles ils ont insisté plus que d'autres. Je pense notamment à un jeune qui m'a beaucoup parlé de la prison. Il a pris une œuvre de Jacqueline Salmon. On est au Havre, il y a une très grande étendue d'eau et il m'a énormément parlé de liberté et du fait de ne pas pouvoir sortir. J'ai donc fait ressortir cette partie." Karine Chevallier l'admet sans détour. "Ils m'ont marquée, ils m'ont peut-être fait réfléchir différemment sur certains sujets."
Le projet pourrait être reconduit
Karine Chevallier, qui n'a pas pu aller à l'intérieur de la prison de Saint-Aubin-Routot avec son ordinateur, a réalisé des enregistrements sonores avec les six jeunes. D'ailleurs, le son, elle aimerait l'intégrer à l'exposition si le projet est renouvelé. "Les silences, les timbres de voix, les rires, ce sont des choses, quand on lit, que nous ne sentons pas, que nous n'entendons pas. C'est très riche, ça en dit autant que les mots." Les témoignages enregistrés ont fait l'objet d'un compte rendu in extenso que Karine Chevallier a remis aux six détenus. "Je trouve intéressant qu'ils aient tout ce qu'ils ont dit."
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.