Peu connu du grand public, le cinéaste de 55 ans, qui conteste cette mise en cause, avait été interpellé mardi matin avant d'être interrogé à Nanterre par les enquêteurs de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).
Durant ces 48 heures, une confrontation a eu lieu mercredi entre l'actrice de 31 ans et M. Ruggia, durant laquelle chacun a campé sur ses positions, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
L'affaire a démarré à l'automne quand Adèle Haenel, récompensée par deux César en 2014 et 2015, a accusé M. Ruggia auprès de Mediapart.
Elle a dénoncé dans le journal en ligne "l'emprise" que le cinéaste aurait exercée sur elle pendant la préparation et le tournage du film "Les Diables" (2002), puis un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou", qui auraient eu lieu chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux, le tout alors qu'elle était âgée de 12 à 15 ans.
Ces accusations ont provoqué un séisme dans le milieu du cinéma français, jusque-là resté assez imperméable au mouvement #MeToo. Quelques jours plus tard, de nouvelles accusations de viol portées par une photographe française contre le célèbre réalisateur franco-polonais Roman Polanski ébranlaient de nouveau le milieu du 7e art.
Adèle Haenel avait dans un premier temps refusé de saisir la justice, se justifiant d'une formule lapidaire et critique sur une institution qui "condamne si peu": "La justice nous ignore, on ignore la justice". Elle avait finalement porté plainte quelques jours après l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet.
"Statut de victime"
Entendue par les enquêteurs le 26 novembre et le 2 décembre, elle avait alors expliqué dans un communiqué avoir décidé de "s'engage(r) activement dans cette procédure, considérant qu'il est de sa responsabilité de justiciable comme de personnalité publique d'y prendre part, au regard de la gravité des faits dénoncés et des conséquences pour chacun".
L'actrice avait ajouté que "les dénégations publiques" de Christophe Ruggia l'avaient "déterminée à obtenir judiciairement la reconnaissance de son statut de victime".
Christophe Ruggia s'est défendu à plusieurs reprises dans les médias, assurant par exemple avoir "commis l'erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu'une telle posture suscite".
Dans Marianne, le cinéaste, engagé ces dernières années en faveur des réfugiés et des sans-papiers, a aussi affirmé en décembre qu'Adèle Haenel lui était hostile car il lui avait refusé un film.
"Après ce premier film (+Les Diables+, ndlr), où Adèle était éblouissante, je lui avais promis d'écrire à nouveau pour elle. J'ai donc rédigé un scénario avec un rôle pour elle et un pour Vincent Rottiers (autre comédien des +Diables+), mais mon producteur ne voulait pas en entendre parler", a raconté le réalisateur.
"Elle misait tout sur mon futur film. Le lendemain, je recevais une lettre d'une violence inouïe où elle racontait qu'elle stoppait le cinéma parce que je l'avais trahie et manipulée", a-t-il poursuivi.
D'abord radié de la Société des réalisateurs de films (SRF), une des principales organisations de cinéastes forte de 300 adhérents, Christophe Ruggia a contesté cette décision. Il a depuis été suspendu de façon temporaire par la SRF le temps de l'enquête.
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