Pour la sixième fois depuis le 5 décembre, l'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, CFE-CGC et trois organisations de jeunesse) appelle à "une journée de mobilisation interprofessionnelle massive de grèves et de manifestations". Des cortèges défileront dans toute la France, avec en point d'orgue celui dans l'après-midi entre Montparnasse et Place d'Italie à Paris.
L'enjeu pour ces syndicats est de retrouver une mobilisation conséquente après une journée d'actions locales mardi peu suivie et des journées nationales en recul: le 11, la police avait dénombré 149.000 manifestants après 452.000 jeudi 9 janvier, contre 805.000 lors de la première journée du 5 décembre.
Dans ce contexte, l'intersyndicale a affiché mercredi soir sa détermination à inscrire un peu plus le mouvement dans la durée, en annonçant de nouvelles mobilisations les 22, 23 et surtout 24 janvier, jour de l'examen du projet de loi sur les retraites en Conseil des ministres, avec une journée d'action nationale qui sera donc la 7e.
En attendant, les transports publics, fers de lance d'une mobilisation qui aurait coûté plus d'un milliard d'euros à la SNCF et la RATP, selon Matignon, rentrent petit à petit dans le rang.
Environ un conducteur sur cinq était en grève mercredi à la SNCF qui prévoit jeudi un trafic "quasi normal" pour les TGV, 8 TER sur 10 et trois Transilien sur quatre. A la RATP, la situation s'améliore plus lentement, avec l'intégralité des lignes ouvertes mais toujours de manière très discontinue.
Les cortèges devraient compter une nouvelle fois beaucoup d'enseignants en dépit de l'ouverture lundi des négociations qui doivent déboucher sur une loi de programmation de revalorisations salariales.
Pour relancer le mouvement, la CGT a lancé dans la bataille les dockers avec une opération "ports morts" dans les sept grands ports maritimes français, qui devrait se poursuivre la semaine prochaine.
Risque de radicalisation
Des agents de sécurité de la Banque de France et des opérateurs chargés du tri des billets sont aussi en grève. Mais "il nous manque un acteur important: les éboueurs. Si les éboueurs étaient en grève et si les stations-service étaient à sec ça changerait la donne", reconnaissait il y a quelques jours un syndicaliste.
De leur côté, les avocats, qui multiplient les actions symboliques, ont obtenu mercredi du gouvernement le maintien d'"une caisse propre à leur profession", mais cet aménagement ne satisfait pas le Conseil national des barreaux.
Si la mobilisation baisse, elle reste en tout cas soutenue majoritairement par l'opinion publique, selon des sondages qui ne montrent pas d'impact du compromis intervenu entre Edouard Philippe et les syndicats "réformistes" (CFDT, Unsa et CFTC).
L'exécutif a répondu à la demande de ces syndicats en acceptant de supprimer l'instauration progressive dès 2022 d'un âge pivot assorti d'un bonus-malus. Une "conférence de financement" sera chargée d'ici fin avril de trouver les moyens de garantir l'équilibre financier en 2027.
Ce compromis est un "leurre" pour les syndicats anti-réforme qui sont passablement irrités d'être ignorés par le gouvernement et agitent le risque d'une "radicalisation" de leur base.
"Contrairement à ce vous prétendez, la stratégie du gouvernement, sa conception du dialogue et de l'écoute ne sont pas de nature à apaiser le niveau de mécontentement", a écrit cette semaine au Premier ministre le numéro un de la CGT, Philippe Martinez.
Les relations se crispent également entre syndicats. Du fait des règles de représentativité retenues par le gouvernement, Solidaires et FSU dénoncent le fait qu'ils ne pourront participer à la conférence du financement contrairement à l'Unsa, favorable à la réforme. De son côté, Laurent Escure (Unsa) a accusé "la CGT et FO d'avoir amené un certain nombre de salariés dans le mur" en les entraînant "vers une revendication qui est presque certaine de ne pas trouver de débouché".
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