"On est loin d'être à la fin de l'histoire (...) et il va falloir continuer à peser", a prévenu lundi le numéro un de la CFDT, reconnaissant qu'il n'avait "pas la solution de la sortie de crise", au 40e jour de grève dans les transports.
Laurent Berger avait salué comme une "victoire" dimanche le retrait annoncé la veille par le Premier ministre Edouard Philippe de la mesure de court terme d'âge pivot devant atteindre 64 ans en 2027, avec un malus pour ceux qui partiraient plus tôt.
Ce retrait, réclamé par les syndicats dits réformistes CFDT, CFTC et Unsa, "est extrêmement important en terme de justice sociale", a souligné le dirigeant du premier syndicat français.
Mais le gouvernement l'a assorti de l'obligation, à travers une conférence de financement, de trouver avant fin avril des solutions alternatives pour que le régime soit à l'équilibre en 2027, et a confirmé que le futur système universel comporterait un âge d'équilibre, autrement dit un âge pivot, modulable selon les carrières.
Alors que le gouvernement ne souhaite ni baisse des pensions ni "hausse du coût du travail", sa porte-parole, Sibeth Ndiaye, a estimé qu'"on peut réfléchir à un fléchage différent des recettes" et "mobiliser ponctuellement les fonds de réserve".
"Fake négociation"
Mais la marge de manoeuvre laissée aux partenaires sociaux est étroite, et le spectre de la négociation avortée de l'assurance chômage est dans toutes les têtes: faute d'accord entre partenaires sociaux, le gouvernement avait repris la main et changé les règles au grand dam des syndicats.
Le leader de la CGT, Philippe Martinez, a d'ailleurs jugé dès dimanche inutile de participer à la future conférence de financement: "Qu'est-ce qu'on va aller faire dans une conférence où on ne va pas discuter de tout?", a-t-il interrogé. "C'est mon point de vue personnel", a-t-il dit, précisant que sa centrale "allait en discuter", probablement dès lundi.
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a lui dénoncé "une fake négociation" et prédit que l'âge pivot "reviendrait" à l'issue de la "conférence de financement".
Les assemblées générales de ce début de semaine devaient donner une indication sur la poursuite du mouvement à la SNCF et à la RATP, qui pourrait être actée jusqu'à vendredi, mais plus compliquée ensuite. L'attitude des fédérations de l'Unsa et de la CFDT, grévistes en dépit de l'appui de leurs centrales à la réforme à points, sera scrutée de près.
"Tous ceux qui incitent (les grévistes) à poursuivre la grève les envoient peut-être dans une impasse (...), je pense qu'ils devraient prendre leurs responsabilités", a exhorté dimanche soir Edouard Philippe sur France 2.
Les manifestations de jeudi 16 seront aussi un test, alors que l'affluence décroit: samedi, les manifestants étaient 149.000 selon le ministère de l'Intérieur, 500.000 d'après la CGT, soit un tiers de la participation de jeudi 9 janvier.
En attendant, le trafic était encore perturbé lundi dans la capitale mais avec une "très nette amélioration" sur le réseau RER, où un train sur deux circulait toute la journée selon la RATP, et toutes les lignes de métro étaient ouvertes au moins partiellement, même si le service était loin d'être complet.
La SNCF faisait circuler 8 TGV sur 10 en France, 7 TER sur 10 et 7 Transilien sur 10.
A Rouen, selon la CGT, 300 personnes ont bloqué un boulevard au niveau du rectorat: parmi les manifestants figuraient une majorité d'enseignants, alors que s'ouvrent dans l'après-midi au ministère de l'Education des négociations qui doivent déboucher sur une loi de programmation des revalorisations salariales promises.
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, et le secrétaire d'Etat chargé des Retraites, Laurent Pietraszewski, ont rencontré lundi les représentants des avocats, appelés à poursuivre leur mobilisation toute la semaine. Le mouvement a eu pour conséquence notable la suspension jusqu'à mardi du procès à Lyon de l'ex-prêtre Bernard Preynat, poursuivi pour agressions sexuelles.
Mardi, ce sera au tour de Muriel Pénicaud d'apporter sa pierre à l'amélioration de la réforme: la ministre du Travail recevra les partenaires sociaux pour discuter pénibilité et emploi des seniors. Deux thèmes sur lesquels elle souhaite dégager de "grandes orientations" avant la présentation du projet en Conseil des ministres le 24 janvier.
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