L'homme fort de l'est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, qui tente depuis avril de s'emparer de Tripoli, à proclamer ce cessez-le-feu, peu avant son entrée en vigueur prévue à minuit.
Son rival Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d'union nationale (GNA, basé à Tripoli) a annoncé quelques heures plus tard qu'il acceptait lui aussi une cessation des hostilités, tout en soulignant le "droit légitime" de ses forces de "riposter à toute attaque".
La mission de l'ONU s'est félicitée de ces annonces, exhortant les parties "à laisser place aux efforts pour un dialogue interlibyen".
Des tirs d'artillerie ont été entendus peu après minuit depuis le centre de Tripoli,avant qu'un calme précaire ne règne sur la banlieue sud de la capitale, théâtre des combats depuis plusieurs mois, selon des journalistes de l'AFP et des témoins.
Si aucun mécanisme de surveillance du cessez-le-feu n'a été annoncé, le chef du GNA a appelé dans son communiqué "les commissions militaires proposées par les deux camps à préparer les mesures relatives au cessez-le-feu, sous l'égide de l'ONU.
Depuis le début de l'offensive des pro-Haftar, plus de 280 civils ont été tués, selon l'ONU. D'après la même source, plus de 2.000 combattants ont en outre péri et 146.000 Libyens ont dû fuir les combats, dans un pays en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Ankara et Moscou, acteurs clé
L'entrée en vigueur du cessez-le-feu intervient après un intense ballet diplomatique cette semaine, emmené par la Turquie et la Russie, qui se sont imposés comme des acteurs clé.
Les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et russe, Vladimir Poutine, avaient pris l'initiative mercredi d'appeler les camps rivaux à cesser les hostilités à compter de dimanche.
Le GNA, reconnu par l'ONU, avait salué l'initiative sans donner dans un premier temps une réponse claire, tandis que les pro-Haftar avaient fait part de leur intention de poursuivre leur offensive.
Mais les deux camps semblent avoir cédé aux pressions diplomatiques, face aux craintes d'une internationalisation accrue de ce conflit sur la rive sud de la Méditerranée.
Alors que l'Europe redoute que la Libye ne devienne une "seconde Syrie", la chancelière allemande Angela Merkel s'est entretenue samedi à Moscou avec M. Poutine.
"Je compte vraiment sur le fait que, dans quelques heures, (...) les parties cesseront le feu", avait dit M. Poutine.
Mme Merkel a, elle, salué les efforts russo-turcs et dit espérer pouvoir bientôt lancer "les invitations pour une conférence à Berlin sous l'égide de l'ONU".
En soirée, MM. Poutine et Erdogan ont discuté par téléphone afin de réaffirmer leur "volonté de (...) fournir une aide sur tous les aspects pouvant permettre de faire avancer le processus du règlement politique", selon le Kremlin.
Mercenaires
Ankara avait demandé plus tôt à Moscou de convaincre le général Haftar de respecter le cessez-le-feu.
Au début du mois, la Turquie a déployé des militaires pour soutenir le GNA et est accusée d'avoir envoyé des combattants syriens pro-turcs combattre les pro-Haftar.
La Russie est de son côté soupçonnée d'avoir envoyé des centaines de mercenaires soutenir les troupes du maréchal Haftar, qui bénéficient également de l'appui des Emirats arabes unis et de l'Egypte.
M. Poutine a une nouvelle fois rejeté ces accusations, samedi.
"S'il y a des citoyens russes là-bas, ils ne représentent pas les intérêts de l'Etat russe et ne reçoivent pas d'argent de l'Etat russe", a-t-il argué.
Les Etats-Unis, qui n'apprécient pas l'implication croissante de Moscou en Libye, ont dénoncé samedi soir le "déploiement de mercenaires russes (...) et de combattants syriens soutenus par la Turquie", dans un communiqué de son ambassade.
Celle-ci a en outre indiqué que de hauts responsables américains avaient rencontré séparément, jeudi à Rome, le maréchal Haftar et le ministre de l'Intérieur et homme fort du GNA, Fathi Bachagha, pour "encourager" une "désescalade" et une reprise d'un dialogue entre parties libyennes.
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