En Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a décrété un deuil national pour la journée de jeudi.
"La priorité pour l'Ukraine est d'établir les causes de cette catastrophe", alors que 45 experts ukrainiens sont à Téhéran pour participer à l'enquête.
Serguiï Danylov, secrétaire du Conseil ukrainien de sécurité et de défense a déclaré que Kiev étudiait sept thèses du crash parmi lesquelles celle d'un tir de missile, d'un attentat ou d'un problème technique.
"Nous examinons minutieusement toutes les thèses, il y en a sept", a-t-i dit à l'AFP. Pour l'instant, "aucune n'est prioritaire", selon lui.
Le vol PS752 d'UIA a disparu des écrans radars après deux minutes de vol.
L'Organisation de l'aviation civile iranienne (CAO) dit que "le pilote n'a transmis aucun message radio [indiquant] des circonstances inhabituelles"
"Selon des témoins oculaires [...] un incendie a été observé dans l'avion et a gagné en intensité", indique le premier rapport d'enquête préliminaire de la CAO.
Après ce départ de feu d'origine encore indéterminée, l'avion a changé de direction, et, selon la CAO, il "était sur le chemin du retour à l'aéroport" quand il s'est écrasé dans un parc de loisirs près de Chahriar, ville située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la métropole téhéranaise.
Rapatrier les corps
La CAO laisse entendre que parmi les témoins de l'incendie figurent des personnes au sol et d'autres à bord d'un appareil qui se serait trouvé au-dessus du Boeing au moment du début de drame.
L'Organisation indique qu'une première réunion entre experts iraniens et ukrainiens a commencé à la mi-journée.
Selon M. Zelensky, les experts de son pays doivent participer "au décryptage des boîtes noires" et sont chargés "d'identifier et rapatrier" les victimes ukrainiennes.
Le Boeing d'UIA avait décollé à 06h10 (02h40 GMT) de l'aéroport Imam Khomeiny de Téhéran en direction de l'aéroport Boryspil de Kiev.
Selon la diplomatie ukrainienne, se trouvaient à bord du Boeing 82 Iraniens, 63 Canadiens, dix Suédois, quatre Afghans et trois Britanniques. Onze autres étaient Ukrainiens, dont les neuf membres d'équipage.
La CAO indique de son côté que 146 passagers étaient porteurs d'un passeport iranien, dix d'un passeport afghan, cinq d'un passeport canadien, 4 d'un passeport suédois en plus des 11 Ukrainiens.
La différence s'explique par la présence de nombreux binationaux (dont a priori 140 Irano-Canadiens) qui ne peuvent entrer et sortir de la République islamique que sur présentation de leur passeport iranien.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a réclamé une "enquête approfondie" sur cette catastrophe aérienne, la plus meurtrière impliquant des Canadiens depuis l'attentat contre un Boeing 747 d'Air India en 1985, dans lequel 268 Canadiens avaient trouvé la mort.
Il s'agit aussi du crash d'avion civil le plus meurtrier en Iran.
"Les Canadiens ont des questions à poser, et ils méritent d'obtenir des réponses", a dit M. Trudeau.
Pays hôte d'une importante diaspora iranienne, le Canada a rompu ses relations diplomatiques avec l'Iran en 2012 en reprochant à la République islamique son soutien au gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie.
Néanmoins, selon Téhéran, le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, a discuté par téléphone jeudi avec son homologue canadien François-Philippe Champagne "du crash de l'avion ukrainien et d'autres sujets".
Les Etats-Unis ont de leur côté appelé à la "pleine coopération avec toute enquête sur les causes." Un avertissement à peine voilé à Téhéran, qui a dit refuser de donner les boîtes noires au constructeur américain de l'appareil, Boeing.
Mais la CAO a indiqué sans plus de précision que les boîtes noires, retrouvées dès mercredi, seraient envoyées "à l'étranger".
"1% de notre communauté"
Seuls quelques pays, dont les Etats-Unis mais aussi l'Allemagne ou la France, ont les capacités techniques d'analyser les boîtes noires.
La catastrophe du 737 d'UIA survient sur fond de graves tensions entre l'Iran et les Etats-Unis, et peu après le tir de missiles par Téhéran sur des bases utilisées par l'armée américaine en Irak.
Une trentaine des victimes venaient de la région d'Edmonton, dans l'ouest du Canada. "Nous avons perdu environ 1% de notre communauté sur ce vol", a déploré un membre de la communauté iranienne locale.
Selon la compagnie, qui a suspendu ses vols vers Téhéran, le Boeing 737, construit en 2016, avait subi il y a deux jours un contrôle technique.
C'est le premier crash meurtrier pour UIA, société qui appartient en partie au sulfureux oligarque Igor Kolomoïski, réputé proche de M. Zelensky.
Boeing, touché par un scandale autour de ses 737 MAX cloués au sol depuis 10 mois, a indiqué être "prêt à aider par tous les moyens nécessaires".
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