Le 28 avril 2019 à hauteur de Bons-Tassilly, un camion qui roulait à une vitesse excessive rentre dans la rambarde de sécurité et se renverse, provoquant 7 000 euros de dommages matériels sur la voirie. Quand les gendarmes arrivent, le conducteur a disparu. Ils noteront que les macarons d'assurance et de contrôle technique collés sur le pare-brise sont des faux. Un témoin dira avoir vu sortir du véhicule un homme d'une trentaine d'années à la peau mate.
Cession mystérieuse
Le propriétaire du camion, âgé de 54 ans, et qui comparait lundi 23 décembre devant le tribunal correctionnel de Caen pour conduite à vitesse excessive, sans assurance et faux et usage de faux dans un document administratif, affirme qu'un certificat de cession de son véhicule a bien été rédigé deux jours plus tôt, par son épouse et que ses acheteurs étaient deux Africains avec qui il avait déjà fait affaire. "J'ai perdu l'usage de mon bras, je ne peux plus conduire, ajoute-t-il, ça ne peut pas être moi qui étais au volant". Plusieurs questions se posent au tribunal : où sont passés ces deux acheteurs ? Pourquoi, alors que le prévenu affirme que son camion était garé sur son terrain et ne roulait jamais, a-t-on retrouvé des tickets de péage à l'intérieur ? Plus étonnant encore, pourquoi des caméras ont filmé le camion, suivi par une camionnette bleue, dont le propriétaire n'est autre que le fils du prévenu ? Enfin, pourquoi celui-ci a-t-il voulu récupérer le camion au garage après l'accident ? Son téléphone a d'ailleurs borné près du lieu de l'accident.
Une histoire abracadabrantesque
Pour le procureur, les réponses sont évidentes. C'est lui qui conduisait… c'est même peut-être parce qu'il n'a plus l'usage de son bras droit qu'il a eu cet accident ! Le certificat de cession, rempli de façon très approximative et non conforme, est un faux. "Cela fait beaucoup de coïncidences dans cette histoire abracadabrantesque. Rien ne tient la route, le camion non plus". Il requiert 200 jours / amende à 50 euros pour le prévenu et son épouse, poursuivie pour faux et usages de faux dans un document administratif.
L'avocate de la défense souligne que son client, emprisonné il y a plusieurs années pour vol, recel et complicité de meurtre, a depuis seize ans totalement changé de vie. Il s'est stabilisé, avec sa nouvelle épouse, et leurs deux enfants. Elle rappelle son incapacité de conduire. Reprenant la parole en dernier, le prévenu confirmera "je ne suis plus le même monsieur. J'ai deux jeunes enfants que je veux voir grandir, je ne veux pas retourner en prison". Le délibéré sera rendu le 15 janvier.
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