Le 7 janvier 2015, Charlie Hebdo était attaqué par Chérif et Saïd Kouachi. Douze personnes perdaient la vie. Cet épisode dramatique, qui marque le début d'une vague d'attentats meurtriers dans l'hexagone, a profondément marqué le pays et suscité un regain d'intérêt pour le dialogue entre les communautés religieuses. "Il a permis de montrer qu'il fallait créer des ponts entre les communautés, pour résister ensemble contre toutes ces volontés communautaristes de désagrégation de la société", explique le Père Laurent Berthout, curé de la paroisse de la Sainte-Trinité, qui n'hésite pas à parler d'une "prise de conscience".
Dîners, dons et visites de lieux de prière
À Caen et dans ses différents quartiers, dans la foulée de l'attentat de Charlie Hebdo, les religions monothéistes ont décidé de s'unir, à l'initiative des responsables protestants, catholiques, orthodoxes, juifs ou musulmans. "Ces derniers invitent parfois les juifs et chrétiens à un repas en pleine période de ramadan", poursuit Laurent Berthout. "En 2015 et en 2016, un rabbin a invité les autres à investir la synagogue. Les juifs étaient enchantés, même s'ils n'étaient pas habitués à voir des femmes voilées dans leur lieu de prière", précise Thomas Paulmier, ancien président de l'association Co-exister à Caen, qui promeut le dialogue inter-religieux depuis 2014.
Dépasser les stéréotypes et favoriser le vivre ensemble
Si l'antenne caennaise de l'association est en sommeil depuis un an et demi, une dizaine d'autres associations, portées par des musulmans, juifs ou catholiques, existent encore depuis Charlie Hebdo. À Hérouville-Saint-Clair par exemple, là où un grand nombre de communautés se mélangent, un café-conférence a lieu une fois par mois. "Un jour, il y avait eu un débat très ouvert sur la vie d'un juif, sourit Thomas Paulmier. On apprenait à connaître quels sont leurs interdits alimentaires, leurs interdits sexuels, quelle est la différence entre un pratiquant et un religieux… On apprend à accepter l'autre." C'est indéniable. En cinq ans, les dialogues inter-religieux se sont intensifiés et continuent d'exister aujourd'hui.
"En revanche, les questions d'ordre social, économique et d'éducation demeurent encore", modère Laurent Berthout. Ainsi, les écoles ont aussi un rôle à jouer. "Environ 500 enfants sont sensibilisés dans les collèges et lycées du Calvados. Le but est de déconstruire les préjugés", estime Thomas Paulmier.
Chaunu, dessinateur de presse, le rejoint : "Il y a un énorme chantier éducatif, alerte-t-il. Dans un pays qui se targue d'être une république laïque, il est urgent d'expliquer le fait religieux. Le rôle de la famille est aussi important. La liberté d'expression est à défendre, mais il n'y a pas de caricature sans culture."
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