Ne pas faire le mandat de trop. Comme un artiste au sommet de sa gloire ou un sportif qui brandit son plus beau trophée, ils veulent partir au bon moment. Et dans le microcosme de leurs communes, cela fait du bruit. Après plusieurs années voire décennies de bons et loyaux services, plusieurs maires de l'agglomération de Rouen s'apprêtent à rendre leur tablier.
Dans la plupart des cas, l'âge est le principal motif pour ne pas se relancer pour six ans de vie publique. "J'ai 68 ans, donc le calcul est simple : j'en aurai 74 à la fin de ce mandat. Pour l'instant, la santé ça va, mais je pense qu'il faut être sûr de pouvoir tenir tout le temps", justifie Étienne Hébert, maire du Val-de-la-Haye depuis 2008. 12 ans plus tard, il pense avoir fait le tour de la question. "Deux mandats, cela devrait être le maximum. C'est mieux comme ça pour qu'il y ait du renouvellement et de nouvelles idées", théorise-t-il. Un avis partagé par Marc Massion, qui s'apprête à passer le témoin à Grand-Quevilly. "Je pense qu'à 84 ans, il faut être raisonnable", s'amuse celui qui est élu au conseil municipal depuis 1977 et maire depuis 2000. Toujours passionné et pas touché par la lassitude, il admet avoir longtemps pensé à arrêter, avant de prendre sa décision "à mi-mandat".
Prendre du recul
ou rester influent
À 71 ans, Gilbert Renard se sent encore en pleine forme. Ce n'est donc pas l'âge qui a poussé le maire de Bois-Guillaume à renoncer à un nouveau mandat, mais le sentiment du devoir accompli, d'une part, et "quelques petits signes de lassitude", d'autre part. À l'heure de regarder dans le rétroviseur, après plus de 30 ans d'engagement public, l'édile ne cache pas sa satisfaction, même s'il conserve quelques regrets concernant "la défusion avec Bihorel". Face à d'autres défis à relever, Gilbert Renard a pris le soin de désigner un successeur. Mais il se voit rester dans la prochaine équipe municipale, "si sa liste est élue. Je ne comprends pas les gens qui peuvent tout arrêter du jour au lendemain." C'est pourtant le choix qu'a fait Marc Massion. Une fois sa décision entérinée, celui qui avait pris la suite de Laurent Fabius a lui aussi adoubé un successeur potentiel. Mais lui s'imagine prendre du recul avec la vie publique. "Ça fait un moment que j'ai dans la tête que je ne serai plus élu, je vais bien sûr suivre la vie municipale, mais sans m'immiscer", prévoit-il à trois mois de son retrait.
Entre partir et rester, Étienne Hébert a choisi… de ne pas choisir ! Il se voit déjà écrire et pêcher les bigorneaux dans le Cotentin, tout en gardant un œil bienveillant sur l'avenir de sa commune. "Peu importe qui sera le maire, je pourrai toujours apporter mon aide sur un point ou un autre, comme on m'a aidé au début", se souvient-il. Un bon moyen, en somme, de passer sereinement le témoin.
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