La situation à la SNCF devrait certes s'améliorer un peu par rapport aux jours précédents, avec la moitié des TGV et un Transilien sur quatre "en moyenne" en circulation.
Petit mieux aussi pour les usagers de la RATP, avec six lignes de métro fermées et une "amélioration globale", selon la régie.
Mais 59% des TGV et Intercités programmés les 23 et 24 décembre sont supprimés, et 48% des voyageurs ayant réservé devront en conséquence échanger leur billet. Les annonces de la SNCF vendredi sur les trains circulant le jour et le lendemain de Noël sont très attendues.
Une trêve complète pour les fêtes paraît hors de portée: si l'Unsa ferroviaire, 2e syndicat de la SNCF, a invité jeudi à "une pause pour les vacances scolaires", la CGT-Cheminots et SUD-Rail, 1ère et 3e fédérations syndicales de la compagnie, ont décidé de continuer le mouvement.
Le Premier ministre a de son côté "appelé à la responsabilité de chacun pour permettre aux millions de Français qui le souhaitent de rejoindre leurs familles en cette fin d'année".
Prise en compte "plus généreuse" de la pénibilité, main tendue sur la retraite progressive pour les fonctionnaires, "améliorations" concernant le minimum de pension, "marges de manoeuvre" réelles pour parvenir à l'équilibre financier, progressivité de la réforme des régimes spéciaux... Après deux jours de rencontres à Matignon avec les syndicats et le patronat, Edouard Philippe a affirmé jeudi soir que les discussions avaient permis des "avancées concrètes", et promis de nouvelles réunions dans "les premiers jours de janvier".
Mais le chef du gouvernement est loin d'avoir convaincu tous les partenaires sociaux.
Même pour les syndicats favorables à la réforme, le compte n'y est pas. La CFDT, a rappelé son numéro un Laurent Berger, reste "fermement opposée" à l'"âge d'équilibre", assorti d'un bonus-malus, que le gouvernement veut introduire dès 2022 et fixer à 64 ans en 2027 pour inciter chacun à travailler plus longtemps et assainir les comptes.
Bataille de l'opinion indécise
"L'équilibre doit se travailler", a insisté Laurent Escure (Unsa), regrettant que le gouvernement n'accepte "pas de nouveaux critères" de pénibilité.
"La seule chose de concrète, c'est que le Premier ministre n'a pas entendu la rue", a dit pour sa part Philippe Martinez.
Au nom de l'intersyndicale formée par la CGT, FO, la FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse, le dirigeant cégétiste a appelé à une nouvelle "puissante" journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles le 9 janvier.
Le gouvernement prétend "vouloir relancer un cycle de discussions", ce qui est "sans issue dans un cadre d'équilibre budgétaire contraint", a souligné dans un communiqué l'intersyndicale, pour laquelle "la seule solution est de retirer sans délai" un projet de réforme "régressif".
Un "mauvais projet", à la fois "inutile" et "dangereux", a renchéri François Hommeril (CFE-CGC), qui va lui aussi "peut-être appeler au 9 janvier".
Emmanuel Macron, pour sa part, surveille le devenir d'une réforme-clé de son quinquennat sans s'exprimer directement. Il a tout de même fait savoir mercredi qu'il était "disposé" à "améliorer" le projet, qui doit être transmis au Conseil d'État avant Noël et présenté en Conseil des ministres le 22 janvier.
Certains secteurs d'activités commencent à souffrir de la grève, notamment le commerce parisien avec des baisses de chiffre d'affaire de 25% à 30% la semaine dernière, selon Procos, la fédération du commerce spécialisé.
La bataille de l'opinion, elle, reste indécise entre le gouvernement et les grévistes, au regard de récents sondages desquels n'émerge pas encore de gagnant.
La défiance a progressé à l'égard de la réforme, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi. Près de six Français sur dix (57%) y sont opposés, un chiffre qui a augmenté de huit points en une semaine.
Mais c'est davantage le projet d'instaurer un âge pivot ou d'équilibre, plus que le projet d'un système universel, qui cristallise les mécontentements.
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