"HARCÈLEMENT PRÉSIDENTIEL", a tweeté, en lettres capitales, le milliardaire républicain, devenu le troisième président des Etats-Unis formellement mis en accusation par la Chambre des représentants.
Cette dernière a voté mercredi en faveur de son "impeachment" pour "abus de pouvoir" et "entrave au travail du Congrès" dans l'affaire ukrainienne.
Mais les débats et le résultat ont reflété la division extrême de la classe politique et, par-delà, du pays face à ce président qui, depuis trois ans, casse tous les codes et alimente toutes les controverses: la quasi-totalité des démocrates, majoritaires à la chambre basse du parlement, ont approuvé son renvoi en procès, quand tous les républicains s'y sont opposés.
"100% de voix républicaines. C'est de ça que les gens parlent. Les républicains sont unis comme jamais!", s'est enthousiasmé Donald Trump, qui a su rallier à lui un parti plutôt hostile lors de son entrée fracassante en politique.
Il a ensuite annoncé qu'un des trois seuls élus démocrates qui avaient voté contre la mise en accusation, Jeff Van Drew, avait rejoint les rangs républicains. A ses côtés dans le Bureau ovale, le transfuge a promis son "soutien sans faille" au président.
Cette unité, l'ex-magnat de l'immobilier veut en faire une force au moment d'affronter un procès potentiellement humiliant et, surtout, de mener campagne pour sa réélection lors de la présidentielle de novembre 2020.
Car les républicains contrôlent le Sénat qui est chargé, selon la Constitution, de le juger.
Dans ce processus bien plus politique que judiciaire qu'est l'"impeachment", un nouveau bras de fer s'engage donc pour fixer les règles du futur procès.
"Rétablir la justice"
Le chef de file du camp présidentiel au Sénat, Mitch McConnell, n'a pas fait mystère de son intention de se coordonner avec la Maison Blanche pour ensuite acquitter rapidement le président.
La Chambre a conduit "l'enquête en destitution la plus précipitée, la moins complète et la plus injuste de l'histoire moderne des Etats-Unis", a-t-il protesté jeudi. "Le Sénat doit maintenant rétablir la justice."
Comme pour renforcer le sentiment d'une confrontation bloc contre bloc, le chef de file des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, a détourné les mots de Mitch McConnell pour lui reprocher de préparer "le procès en destitution le plus précipité, le moins complet et le plus injuste de l'histoire moderne des Etats-Unis".
En jeu: la durée et, surtout, le nombre et l'identité des témoins qui seront appelés à s'exprimer sous serment lors d'audiences qui pourraient avoir lieu en janvier.
Dès mercredi soir, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a laissé entendre qu'elle pourrait ne pas transmettre immédiatement au Sénat les deux articles de loi mettant en accusation Donald Trump.
Son geste est interprété comme une volonté de faire pression sur les républicains pour qu'ils acceptent, notamment, de convoquer certains témoins-clés -- comme le secrétaire général de la présidence Mick Mulvaney et l'ex-conseiller à la sécurité nationale John Bolton.
"Hommes du président"
"Pelosi se rend compte que son +impeachment+ bidon est pathétique, à tel point qu'elle a peur de le présenter au Sénat", a ironisé le président Trump.
"Mais la balle est dans le camp du Sénat!", a-t-il lancé. Selon lui, "si les démocrates-qui-ne-font-rien décident, dans leur grande sagesse, de laisser la chaise vide, ils perdront par forfait!"
Chuck Schumer a lui estimé que les dirigeants républicains avaient "peur des témoins et des documents". "Le dossier du président serait-il tellement faible qu'aucun des hommes du président ne puisse le défendre sous serment?", a-t-il interrogé.
Cette bataille de procédure a presque relégué au second rang, ces derniers jours, le fond de l'affaire.
A savoir ce chantage qui est reproché à Donald Trump, accusé d'avoir fait pression sur l'Ukraine en gelant une aide militaire cruciale pour obtenir qu'elle annonce des enquêtes anticorruption contre l'ancien vice-président Joe Biden -- qui se trouve être le favori pour l'affronter dans la course à la Maison Blanche.
Des accusations qu'il rejette en bloc mais qui lui valent désormais un procès, le même opprobre que seuls Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1999 avaient subi jusqu'ici. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait démissionné en 1974 pour devancer sa mise en accusation et une destitution certaine.
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