La chambre de l'instruction a tranché entre les expertises psychiatriques contradictoires du dossier et conclu à l'abolition du discernement de Kobili Traoré au moment des faits.
En proie à une bouffée délirante liée à une forte consommation de cannabis, ce jeune musulman âgé alors de 27 ans avait roué de coups sa voisine aux cris d'"Allah Akbar" avant de la précipiter dans la cour de leur immeuble parisien le 4 avril 2017.
La cour a estimé qu'il existait "des charges suffisantes contre Kobili Traoré d'avoir (...) volontairement donné la mort" à Lucie Attal - aussi appelée Sarah Halimi - et a retenu pour ces faits la circonstance aggravante de l'antisémitisme, conformément aux réquisitions du parquet général.
Le 19 décembre, à l'audience, le parquet général s'était en effet écarté de la position du parquet de Paris qui demandait, comme les parties civiles un procès aux assises pour "meurtre à caractère antisémite".
Avocat des enfants de la victime, Me Szpiner a dénoncé devant la presse "une décision scandaleuse".
"Un homme dont les experts disaient qu'il avait été atteint d'une bouffée délirante à raison d'une prise volontaire de toxique se voit donc accorder l'impunité", a-t-il déclaré.
"On vient de créer dans notre pays une jurisprudence Sarah Halimi, c'est à dire que toute personne qui sera atteinte d'une bouffée délirante parce qu'elle aura pris une substance illicite et dangereuse pour la santé se verra exonérée de responsabilité pénale", a-t-il mis en garde.
A l'inverse, l'avocat de la défense joint par l'AFP, Me Thomas Bidnic, a exprimé sa "satisfaction et soulagement".
"N'était en cause ici ni la lutte contre ce fléau qu'est l'antisémitisme, ni la politique pénale souhaitable contre le cannabis mais uniquement la question du discernement de Kobili Traoré au moment des faits, or celui-ci était manifestement aboli", a-t-il déclaré.
"La justice l'a dit, c'est normal mais, parfois, c'est la simple application de la loi qui apparaît comme séditieuse... Certains marchent sur la tête", a-t-il conclu.
La cour d'appel, dont la décision met fin à la détention du suspect, a en outre ordonné son hospitalisation et des mesures de sûreté pour une durée de 20 ans, comprenant l'interdiction d'entrer en contact avec les proches de la victime et de retourner sur les lieux.
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