Identiques à des vélos d'appartement, les appareils sont équipés de quatre roulettes pour plus de mobilité et d'une tablette réglable à la place du guidon, qui permet d'écrire et de poser cahiers et stylos.
Au fond de la classe de Nathalie Gardette, professeur d'anglais, Hugo s'active sur la selle réglable tout en écoutant les consignes et en répétant les mots égrenés par l'enseignante. Puis un autre élève prend le relais sur la selle. L'échange se fait en silence, la classe reste concentrée.
Les candidats, tous volontaires, s'inscrivent en début de cours.
Il s'agit de "permettre aux élèves agités, en difficulté pour suivre le cours et qui vont gêner leurs camarades, de pouvoir canaliser leur énergie pour être disponibles", détaille Franck Boussahba, principal de ce petit établissement rural qui accueille 339 élèves. Une "alternative aux sanctions, retenues ou exclusions", selon lui.
Emplacement du vélo dans la classe, rotation des élèves: les enseignants ont été libres de s'organiser.
Les professeurs "se sont totalement emparés du dispositif" et "le retour est très positif car ils se sont rendus compte que le vélo avait pris sa place au bout d'une semaine. C'est comme s'il avait toujours été là", se félicite M. Boussahba.
L'idée est née en juin 2019: fin de l'année scolaire, l'heure est au bilan. Se pose alors une question: comment limiter les perturbations tout en améliorant le bien-être des collégiens?
"J'avais entendu parler de ces vélos-bureaux, de plus en plus utilisés en entreprise, et en lien avec le conseil départemental, nous avons décidé de tenter l'expérience", raconte le principal.
"Effet apaisant"
A la rentrée de septembre, quatre engins ont ainsi été présentés aux collégiens, invités dans un premier temps à les essayer et se familiariser avec eux en marge des cours.
Même la salle des profs a servi de terrain d'expérimentation. Après les vacances de Toussaint, quatre enseignants ont accepté de les installer dans leur classe. De la sixième à la troisième, tous les niveaux l'expérimentent.
"J'ai tout de suite laissé de côté les petits a priori que je pouvais avoir et maintenant ça roule, ça pédale! Je fais passer deux élèves par heure pour qu'ils aient le temps d'en profiter", témoigne Nathalie Gardette.
"Ça nous fait bouger et puis c'est bien, parce qu'on est en hauteur et les autres ne nous gênent pas, on voit mieux les profs", assure de son côté Hugo.
Selon l'enseignante, "ceux qui sont sur le vélo-bureau sont souvent des élèves un petit peu agités, et à chaque fois qu'ils sont sur le vélo, ils sont productifs".
Toutefois l'intérêt et l'implication varient en fonction du niveau: "en sixième-cinquième, ils sont à fond tout le temps. En troisième, ils sont un peu plus hésitants, moins enthousiastes", relève-t-elle.
Dans la classe d'Ivan Zaborowski, professeur de mathématiques, le vélo trône à côté de la porte d'entrée, au premier rang.
Un élève de quatrième pédale sans aucune gêne apparente, tout en essayant de résoudre des équations, penché sur son cahier, stylo à la main.
Vélo magique? "Il est un peu tôt pour le dire, mais l'effet apaisant se répercute sur la classe, comme si ça faisait redescendre la pression en ramenant le calme, c'est quelque chose qu'on n'attendait pas du tout", se félicite le principal du collège.
"Certains élèves disent qu'après avoir fait 20 minutes de pédalage, cet effet bénéfique, ils le retrouvent les heures suivantes", selon lui.
Déjà, le responsable envisage une nouvelle commande pour la rentrée prochaine.
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