"JE N'AI RIEN FAIT DE MAL!": le milliardaire républicain, qui devrait devenir le troisième président des Etats-Unis à subir un "impeachment", s'est une nouvelle fois posé en victime d'une chasse aux sorcières orchestrée par une "gauche radicale" qui n'aurait pas digéré sa victoire surprise de 2016.
Le 45e président des Etats-Unis, qui entend briguer un deuxième mandat de quatre ans en novembre 2020, est visé par deux articles de mise en accusation en vue d'une éventuelle destitution: abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès.
La Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, a entamé ses débats par des discussions procédurales: les prises de parole seront ensuite divisées de manière équitable entre républicains et démocrates.
Dans un télescopage illustrant l'affrontement politique entre deux blocs antagonistes, le vote lui-même devrait intervenir en début de soirée, au moment même où Donald Trump montera à la tribune à Battle Creek, dans le Michigan, pour un meeting de campagne "Keep America Great" qui s'annonce haut en couleur.
Dans une capitale fédérale sous tension après trois mois d'une procédure acrimonieuse, la chambre basse exercera ainsi "l'un des pouvoirs les plus solennels que lui garantisse la Constitution", selon les termes de Nancy Pelosi, chef des démocrates au Congrès.
Il reviendra ensuite au Sénat d'organiser le procès de Donald Trump, probablement en janvier. L'issue de ce dernier est quasi-certaine: les républicains, qui contrôlent la chambre haute, ont déjà prévenu qu'ils avait la ferme intention d'acquitter le président.
"Protéger notre démocratie"
Dès le début des débats, l'élu démocrate Jim McGovern a dénoncé l'accusation "absurde" selon laquelle toute cette procédure viserait à remettre en cause le verdict des urnes. "Il s'agit ici de protéger notre démocratie", a-t-il lancé. "Les faits sont indiscutables, la seule question est de savoir si nous sommes prêts à tolérer de tels agissements".
De son côté, l'élu républicain Tom Cole a estimé que ce 18 décembre 2019 était une "triste" journée pour la Chambre des représentants, déplorant un processus de destitution qui n'avait été ni "ouvert" ni "équitable".
Anticipant ce nouvel épisode dramatique d'une présidence en tous points extraordinaire, le milliardaire républicain s'était de nouveau insurgé mardi contre ses adversaires.
"Vous déclarez une guerre ouverte contre la démocratie américaine", s'est-il emporté dans un courrier officiel adressé à Nancy Pelosi. "L'Histoire vous jugera sévèrement".
Avant Donald Trump, seuls Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 avaient subi telle avanie. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait préféré démissionner en 1974 avant une destitution certaine.
Le tempétueux président septuagénaire veut transformer cette épreuve en victoire politique. Objectif affiché? Utiliser cette procédure pour galvaniser sa base et, grâce à la réussite de l'économie américaine, arracher sa réélection le 3 novembre prochain.
Il affirme, et les républicains avec lui, que la procédure de destitution est de moins en moins populaire auprès des Américains.
Les sondages offrent un tableau nuancé. Mais certains l'encouragent dans cette stratégie consistant à nier en bloc toutes les accusations et à affirmer que tout cela n'est qu'une manoeuvre politicienne visant à avoir sa peau.
Selon l'une de ces enquêtes, son taux d'approbation n'a jamais été aussi élevé depuis le début de sa présidence. Pour une autre, il battrait n'importe lequel de ses opposants démocrates potentiels à la présidentielle.
"Bénéfice politique personnel"
Pour les démocrates, l'ancien homme d'affaires a trahi le serment de sa fonction. "Pire que Nixon", ne cessent-ils de répéter. Et Nancy Pelosi dit n'avoir eu d'autre choix que de lancer, le 24 septembre, cette procédure de destitution.
"Bien tristement, les faits ont montré clairement que le président a abusé de ses pouvoirs pour son bénéfice politique personnel et qu'il a fait entrave au Congrès", a-t-elle expliqué.
En cause, un chantage auquel le milliardaire républicain et quelques-uns de ses proches auraient soumis le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le 25 juillet, un échange téléphonique entre les deux dirigeants met le feu au poudre.
Donald Trump demande à ce président novice en politique, en proie à un conflit armé avec la Russie, d'annoncer une enquête anti-corruption contre le démocrate Joe Biden et son fils Hunter, ex-membre du conseil d'administration d'une entreprise gazière ukrainienne.
Ancien vice-président, Joe Biden mène la danse dans la primaire démocrate pour l'élection présidentielle et apparaît comme l'adversaire le plus dangereux pour le sortant républicain.
Un faisceau d'informations concordantes et de témoignages semble de plus attester qu'un lien avait été établi entre une annonce éventuelle de ces investigations et le déboursement d'une aide militaire américaine pour l'Ukraine.
Quelque 200 manifestants se sont massés mercredi sur la colline du Capitole. "Notre président est un délinquant", confiait à l'AFP Susanna Kanner, une réalisatrice de documentaire de 37 ans venue au rassemblement avant d'aller au travail.
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