Vers 23 heures, ce soir de 2012, un jeune homme se présente aux urgences de l'hôpital de Vire. Il explique à l'aide-soignante qui enregistre son entrée qu'il a essayé de se suicider toute la journée, qu'il voulait se jeter sous le train de 22 heures mais qu'il y a renoncé, voyant des gendarmes. Il souffre d'un syndrome anxio-dépressif qui l'a déjà conduit à tenter de se donner la mort. Il est installé dans la salle d'accueil en attendant d'être vu par un médecin. L'équipe de garde, composée de trois personnes, n'est pas débordée en ce début de nuit, même si la journée a été très chargée. Personne d'autre n'attend. Les médecins décident cependant d'aller manger à l'internat. À leur retour, seul le prévenu, âgé de 52 ans, reste présent dans le service. Alors que l'homme s'impatiente et malgré les demandes des aides-soignantes et infirmières, le médecin termine d'abord ses dossiers du jour. Vers 00 h 45, lorsqu'il va le chercher, l'homme n'est plus là. Il vient de quitter l'hôpital, selon les caméras de surveillance. On retrouvera son corps sur la voie ferrée.
Une fugue non signalée
Le prévenu affirme qu'il n'a pas été informé des idées suicidaires du patient. "Remplir les dossiers proprement, c'est aussi urgent que de s'occuper de quelqu'un qui attend. Je n'ai jamais refusé de le voir". On lui reproche aussi de ne pas avoir déclenché le protocole obligatoire de signalement de fugue. Une erreur qui, selon le procureur, a encore ôté une chance au patient. Le prévenu répond que tout le monde est habilité à faire ce signalement. Toute cette affaire doit être replacée "dans un contexte de dysfonctionnement de l'hôpital, où il y avait un climat détestable" ajoute-t-il. En 2014, le Conseil de l'Ordre a prononcé à son encontre une suspension d'exercice de six mois dont trois avec sursis. Le tribunal, lui, rendra son jugement le 12 janvier. De son côté, le Parquet a requis un an de prison avec sursis.
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