L'agence financière, qui exerce une grande influence sur les salles de marché, avait repris le contenu d'un faux communiqué de presse selon lequel le groupe de BTP lançait une révision de ses comptes à la suite d'irrégularités "très graves" et licenciait son directeur financier, rappelle dans un communiqué l'Autorité des marchés financiers (AMF).
Le représentant du collège de l'AMF avait requis le 15 novembre cette amende devant la commission des sanctions du gendarme boursier, et a donc été suivi. Bloomberg a annoncé son intention de faire appel.
La Commission des sanctions a estimé que la diffusion de ces fausses informations, qui avaient fait chuter le cours du titre Vinci de 18,28%, "n'a été précédée d'aucune vérification de la part des journalistes du +Speed Desk+" de Bloomberg alors qu'elles faisaient "état d'informations d'une grande gravité, laissant présager une chute brutale et immédiate du cours de Bourse".
Vinci avait à l'époque rapidement démenti puis déposé plainte "contre X" au parquet national financier pour actes de "diffusion de fausses informations de nature à agir sur les cours", "escroquerie en bande organisée" et "contrefaçon d'oeuvre de l'esprit".
Bloomberg se dit "victime"
Bloomberg regrette de son côté "que l'AMF n'ait pas identifié et réprimé les auteurs de ce +hoax+ (intox) et qu'elle ait choisi de sanctionner un média faisant ses meilleurs efforts pour rendre compte de ce qui semblait être une information digne d'intérêt".
L'AMF a en revanche jugé que les "règles ou codes régissant la profession de journaliste" n'ont "pas été respectés par la société Bloomberg LP en l'absence de vérification des informations préalablement à leur publication".
Pour le gendarme de la Bourse, "la protection dont bénéficient les journalistes est subordonnée à la condition qu'ils agissent de bonne foi de manière à fournir des informations exactes et dignes de crédit".
Selon l'AMF, Bloomberg s'est rendue coupable "de diffusion par l'intermédiaire des médias d'informations fausses fixant ou étant susceptibles de fixer à un niveau anormal ou artificiel le cours d'un titre".
"Nous déplorons la décision rendue aujourd'hui par la Commission des sanctions de l'AMF, qui méconnaît le rôle vital que joue la presse dans une société démocratique", a encore réagi l'agence de presse. Elle se dit "victime de ce hoax sophistiqué", "au même titre que l'entreprise visée".
Le communiqué frauduleux avait été reçu également par l'AFP, qui n'avait pas donné suite après s'être aperçue que ce document avait été mis en ligne sur un site internet miroir, très similaire du vrai site mais avec une adresse distincte (vinci.group et non vinci.com). Ce communiqué avait même été signé du nom du véritable responsable des relations presse de Vinci, tout en renvoyant à un faux numéro de téléphone portable.
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