Au lendemain de ces violences, alors que le Liban est dans l'impasse et au bord de l'effondrement économique, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé sur la radio France Inter "les autorités politiques" libanaises à "se secouer", estimant que le pays se trouvait "dans une situation dramatique".
Samedi, des dizaines de manifestants s'étaient rassemblés dans le centre de la capitale pour fustiger à nouveau la classe politique et réclamer un gouvernement composé de technocrates et d'indépendants.
A deux jours de consultations parlementaires pour nommer un nouveau Premier ministre, ils ont notamment crié haut et fort leur refus d'une possible reconduction à son poste de Saad Hariri, qui a démissionné le 29 octobre sous la pression de la rue.
Les heurts ont éclaté quand des manifestants ont tenté de franchir un barrage de police bloquant l'entrée d'une avenue menant au Parlement, avant de se poursuivre ailleurs en centre-ville, enveloppé par l'épaisse fumée des gaz lacrymogènes.
Un photographe de l'AFP a alors vu des membres de la sécurité du Parlement, habillés en civil, matraquer des manifestants. La police anti-émeutes a tiré des balles en caoutchouc et les manifestants ont jeté des pierres, selon la même source.
La défense civile libanaise a annoncé sur Twitter avoir "transporté 36 blessés vers des hôpitaux", tandis que 54 civils ont été soignées sur place.
La Croix-Rouge libanaise a elle transporté 15 blessés vers des hôpitaux et soigné 37 personnes sur place, selon un bilan communiqué à l'AFP.
"Usage excessif de la force"
Samedi soir, la Croix-Rouge libanaise avait rapporté des évanouissements, des personnes souffrant de difficultés respiratoires et d'autres touchées par des jets de pierres. Les blessés étaient des civils mais aussi des membres des forces de sécurité.
Les violences de samedi sont les plus significatives et le bilan des blessés le plus élevé depuis le début le 17 octobre d'une contestation inédite au Liban contre la classe dirigeante, jugée corrompue et incompétente.
Si la mobilisation s'est globalement déroulée dans le calme, ces dernières semaines les accrochages se sont multipliés et les forces de sécurité ont plusieurs fois eu recours à la force face aux contestataires.
La ministre de l'Intérieur Raya el-Hassan a réclamé dimanche aux Forces de sécurité intérieure l'ouverture d'une enquête "rapide et transparente" pour déterminer les responsabilités dans les violences de la veille.
Elle a évoqué la présence de personnes "infiltrées" et mis en garde les contestataires contre "des parties" qui tenteraient "d'instrumentaliser" les manifestations pour provoquer une "confrontation" avec les forces de l'ordre.
Sur son compte Twitter, Diala Haidar, qui travaille sur le Liban pour Amnesty international, a dénoncé un "usage excessif de la force" par les forces de sécurité, évoquant la présence d'hommes en civil, certains masqués, attaquant les manifestants et les interpellant aux côtés des forces de sécurité.
Gouvernement "crédible"
Les Forces de sécurité intérieure ont évoqué dimanche sur Twitter une vingtaine de blessés dans leurs rangs transportés vers des hôpitaux, d'autres ayant été soignés sur place.
Le Premier ministre Hariri et son gouvernement continuent de gérer les affaires courantes. Jusqu'à présent, les principaux partis du pays n'ont pas réussi à s'entendre sur son successeur.
Car si le système politique du Liban doit garantir l'équilibre entre les différentes communautés religieuses, il ouvre la voie à des tractations et des marchandages interminables. La formation du nouveau cabinet pourrait donc s'éterniser, dans un pays économiquement au bord du gouffre.
Réunis mercredi à Paris, les principaux soutiens internationaux du Liban, dont la France ou encore les Emirats arabes unis ou les Etats-Unis, ont conditionné toute aide financière à la mise en place d'un gouvernement "efficace et crédible", qui engagerait rapidement des réformes "d'urgence".
La Banque mondiale prévoit une récession économique pour 2019 avec un taux de croissance négatif qui dépasserait les -0,2%. Environ un tiers des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'organisation.
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Nouvelle journée de manifestations contre le pouvoir au Liban
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