Dimanche, la situation était toujours très perturbée dans les transports, et le débat de fond sur les retraites était parasité par la mise en cause du haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye.
Fragilisé par des soupçons de conflits d'intérêts après des omissions dans sa déclaration d'intérêts, ce dernier a rectifié samedi ce document et déclaré 13 mandats dont 11 bénévoles, selon Le Monde.
Il a reçu le soutien du Premier ministre Édouard Philippe, éloignant l'incertitude qui planait sur une éventuelle démission.
De plus en plus inquiet de ne pas voir assez de trains circuler à Noël, le chef du gouvernement a sévèrement critiqué dans le Parisien dimanche les grévistes, qui provoquent de très importantes perturbations dans les transports.
"Noël c'est un moment important. Il faudra que chacun prenne ses responsabilités. Je ne crois pas que les Français accepteraient que certains puissent les priver de ce moment", déclare-t-il.
"Qui peut comprendre que pendant les fêtes de Noël, pour essayer de se faire entendre, on va bloquer celles et ceux qui veulent passer ces moments familiaux ? Moi, cette idée m'est insupportable, je crois comme (pour) beaucoup de Français", a renchéri dimanche sur franceinfo le ministre du Logement Julien Denormandie.
Les cheminots grévistes ont déjà annoncé qu'ils n'envisageaient pas de "trêve" pour les fêtes de fin d'année. "Si le gouvernement veut que le conflit cesse avant les fêtes, il a toute la semaine prochaine pour prendre la décision de bon sens qui s'impose: le retrait de la réforme par points", a déclaré à l'AFP samedi Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots (1er).
"Un point c'est tout"
L'opinion publique semble, elle, toujours favorable à ce mouvement. Selon un sondage Ifop pour le JDD, 54% des Français soutiennent la grève (contre 46% le 1er décembre avant le début du mouvement et 53% après la mobilisation du 5 décembre), et 30% lui sont hostiles (la même proportion que la semaine passée).
Élément clé du passage de la réforme dans l'opinion, le patron de la CFDT, Laurent Berger, est sorti dimanche du silence qu'il observait depuis son coup de colère mercredi, après l'annonce qu'une mesure d'âge était confirmée dans le projet de réforme. Le gouvernement prévoit un "âge d'équilibre" à 64 ans. Cela signifie que chacun pourra continuer à partir à la retraite à 62 ans, mais au prix d'un malus sur sa pension, ceux partant après bénéficiant au contraire d'un bonus.
"C'est très simple: pour que la CFDT porte un autre regard sur ce projet de loi, le gouvernement doit accepter de retirer l'âge d'équilibre. Un point, c'est tout", déclare M. Berger au Journal du dimanche.
Il y répète que "cela n'a aucun sens" selon lui de conjuguer la transformation des 42 régimes de retraites existants en un système universel par points avec une mesure d'âge dont le but assumé est de faire des économies pour assurer l'équilibre financier du régime.
Au point de ne pas exclure d'organiser un "rendez-vous en janvier" pour obtenir gain de cause, après la manifestation de mardi, en même temps que l'intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU qui demande le retrait complet de la réforme.
En attendant, M. Berger, qui se dit soucieux qu'il n'y ait "pas de blocage des transports à Noël", laisse entendre qu'il accepte l'invitation de Matignon à une nouvelle concertation mais sans préciser de date.
Dimanche se déplacer en transports en commun restait extrêmement compliqué, avec seulement un TGV sur 4, un TER sur trois et un train de banlieue sur 5 en circulation à la SNCF, et la quasi-totalité des lignes de métro de la RATP fermées (sauf lignes automatiques 1 et 14, et Orlyval).
Le trafic continuera à être très perturbé lundi avec toujours en moyenne un quart des TGV et un tiers des TER, et encore de nombreuses lignes de métros fermées (2, 3 bis, 5, 6, 7 bis, 10, 12 et 13) ou ne fonctionnant que très partiellement (3, 4, 7, 8, 9 et 11).
Le lendemain, cheminots, étudiants, employés de la fonction publique, professions de santé, avocats, magistrats, enseignants sont attendus dans la rue.
Très mobilisés depuis le début du conflit, ces derniers ont obtenu vendredi du gouvernement la garantie d'une revalorisation de leurs rémunérations, d'un montant d'environ 10 milliards d'euros sur plusieurs années, à partir du 1er janvier 2021.
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