Les moules sont ensuite chauffés au four à 200° pendant 9 minutes avec une plaque tournante, selon le principe du rotomoulage, puis refroidis 20 secondes dans l'eau.
"Tout est fait à la main, pièce par pièce. Petitcollin est la dernière fabrique de poupées en France" et a reçu en 2007 le label "Entreprise du patrimoine vivant", explique Stéphanie Thévenin, chargée de développement au centre culturel et touristique du Pays d'Etain, qui gère l'animation et la boutique de la marque.
"On fait rêver les petites filles et on est au service du Père Noël", sourit, en démoulant les éléments à l'aide d'une pince, Francis Hussenet, 60 ans dont 42 ans dédiés aux poupées, poupons et baigneurs, hauts de 6 à 60 cm.
Dans l'entrepôt aux machines et moules anciens, cinq salariés, tous polyvalents, s'affairent, passant d'un atelier à l'autre. Quelques tâches comme la couture des vêtements et le grattage des aspérités au pinceau sont confiées à cinq personnes travaillant à domicile.
"Dans les années 1970, l'usine employait jusqu'à mille personnes. Dans toutes les familles d'Etain, au moins une personne travaillait chez Petitcollin", rappelle Mme Thévenin, soulignant la dimension patrimoniale de l'entreprise.
Derrière une machine, Béatrice Caillard coud des cheveux en nylon couleur marron sur des crânes tout roses, avant de leur insérer des yeux, en prenant garde de ne pas les faire loucher.
"Ca demande beaucoup de dextérité et les poupées doivent être parfaites. Au moindre défaut, on ne les met pas" à la vente, explique la salariée de 47 ans.
Gamme écolo
La fabrique, détruite deux fois pendant les deux guerres mondiales, a connu des incendies dévastateurs et la concurrence des jouets asiatiques. Elle a été rachetée en 1995 par le fabricant de jouets en bois Vilac, installé à Moirans-en-Montagne (Jura).
Chaque année, 15.000 poupons et baigneurs sortent des ateliers d'Etain, auxquels s'ajoutent 20.000 exemplaires, dont les poupées de collection, conçus par des sous-traitants.
Environ 30% de la production sont vendus à l'export, le reste dans les magasins de jouets en France, la boutique attenante au centre culturel et par correspondance.
Tous les ans, une poupée de collection "exclusive" est fabriquée en 100 exemplaires, selon l'ancienne technique de soufflage.
Cette année, c'est Jean-Michel: haut de 60 cm, épais cheveux noirs corbeau et yeux bleus, il est vêtu d'un costume noir chic et d'un noeud papillon bordeaux. Présenté lors de la 10e édition du festival dédié à la marque, en novembre, il a rencontré un vif succès et la rupture de stocks est proche.
"Qui n'a pas rêvé d'habiller des poupées toute la journée?", sourit Sabrina Noirjean, en vêtant avec gourmandise des poupons au ventre mou, de la gamme Ecolo Doll.
Lancée en 2009, cette gamme propose des poupons écologiques, fabriqués en vinyle sans phtalates, avec une garde-robe confectionnée dans du coton biologique.
"On a l'impression de ne pas grandir", ajoute la couturière de 35 ans, chargée aussi de réaliser les prototypes des vêtements.
Robes, pantalons, gilets, tuniques et autres chapeaux, tous fabriqués sur place, doivent être "résistants, faciles à enfiler, jolis et attirer l'oeil", résume-t-elle.
Pour se démarquer et lutter contre la concurrence, Petitcollin s'appuie sur "sa renommée, la qualité de ses poupées haut de gamme et le made in France", selon Mme Thévenin.
Les prix des poupons, poupées et baigneurs varient de 40 à 120 euros.
En 2015, la marque a noué un partenariat avec une créatrice de poupées, Sylvia Natterer, pour insuffler "glamour et rêve" à de "nouvelles gammes (dégageant) une image de luxe à la française recherchée par les amoureux des belles poupées".
Un musée, installé dans le centre culturel, retrace l'histoire de la marque depuis son tout premier baigneur en 1912, en détaillant les nombreux brevets et innovations liés à Petitcollin.
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