Le "Monsieur retraites" du gouvernement, Jean-Paul Delevoye, ira-t-il, lui, jusqu'au bout de cette réforme ? Fragilisé par les accusations de conflit d'intérêts avec le monde des assurances, un cumul de fonctions interdit par la Constitution, mais aussi la présidence de l'Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France, selon son entourage, le haut-commissaire n'a pas exclu de démissionner pour préserver la réforme.
Au dixième jour de la mobilisation, la situation était toujours critique pour les usagers des transports avec un trafic "très perturbé" à la SNCF, en moyenne un TGV sur quatre et trois TER sur dix, et, pour Paris et sa région, neuf lignes de métro fermées et 60% des bus en circulation selon la RATP.
Pour dimanche, les prévisions sont semblables, et le service sera également "fortement perturbé" lundi.
A dix jours de Noël, une issue du mouvement avant la fin de l'année reste incertaine et la question de la circulation des trains au moment des fêtes est sur toutes les lèvres.
Si la grève se poursuivait dans les prochains jours, elle pourrait compromettre les départs en vacances car il faut plusieurs jours après la fin d'un mouvement pour revenir à un service normal.
"La moitié des voyageurs" auront des trains pour pouvoir passer les fêtes en famille, a voulu rassurer samedi la directrice générale de Voyages SNCF, Rachel Picard, citée dans le Parisien.
La veille, dans une réunion organisée en urgence à Matignon, le Premier ministre Edouard Philippe a demandé au patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou de préparer un "plan de transport" précisant quels trains seraient maintenus.
M. Farandou avait appelé un peu plus tôt les cheminots, en grève illimitée depuis le 5 décembre, à "faire une pause" pendant les fêtes, s'attirant immédiatement les critiques des responsables syndicaux.
Jouer sur la corde sensible
"Si le gouvernement veut que le conflit cesse avant les fêtes, il a toute la semaine prochaine pour prendre la décision de bon sens qui s'impose : le retrait de la réforme par points", a réagi auprès de l'AFP Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, rejetant toute idée de "trêve".
"La situation peut s'arranger très rapidement. Mais pour que les trains roulent, il faut un message positif du gouvernement", a dit sur franceinfo Roger Dillenseger (Unsa ferroviaire), critiquant au passage l'exécutif qui "joue sur la corde sensible".
Côté manifestations samedi, un petit groupe d'une trentaine de gilets jaunes scandant "On est là" a envahi une galerie commerçante de Nantes, qui a dû être fermée, tandis que des rassemblements étaient prévus à Strasbourg, Lyon ou Rennes.
Mais les opposants à la réforme réservent leurs forces pour la nouvelle journée de mobilisation prévue mardi à l'appel de l'intersyndicale CGT/FO/CFE-CGC/Solidaires/FSU et quatre organisations de jeunesse, revendiquant un retrait pur et simple.
Furieux que le gouvernement ait annoncé un "âge d'équilibre" à 64 ans, en dessous duquel on ne touchera pas sa retraite pleine, le premier syndicat français, la CFDT, mais aussi la CFTC et l'Unsa ont également appelé à manifester, ce qui devrait faire grossir les rangs.
Cheminots, étudiants, employés de la fonction publique, professions de santé, avocats, magistrats, enseignants ont appelé à descendre dans la rue.
Très mobilisés depuis le début du conflit, ces derniers ont obtenu vendredi du gouvernement la garantie de revalorisation des salaires, pour un "effort" d'environ 10 milliards d'euros. Le ministre de l'Education n'a pas précisé de date de début ni le temps qu'elle prendra pour être complétée.
Les policiers ont, eux, suspendu leur mouvement vendredi, après avoir obtenu le maintien de leur régime dérogatoire, permettant de partir à la retraite plus tôt, en raison de la dangerosité du métier.
Le Premier ministre a convié jeudi soir les syndicats les plus réformistes à des discussions à Matignon, "le plus tôt possible la semaine prochaine".
Jusqu'à présent, rien n'a filtré de la réponse des dits-syndicats ni de la date où sera organisée cette concertation.
Le gouvernement affiche toutefois sa détermination à poursuivre sa réforme. Edouard Philippe a assuré vendredi lors d'un débat face à des enseignants près de Nancy qu'il n'avait "absolument pas peur de (mener) cette réforme", "ni des réactions".
Quasi silencieux depuis le début du conflit, Emmanuel Macron a lui défendu depuis Bruxelles "une réforme historique", qui n'est pas "avant tout budgétaire", comme le disent les organisations syndicales.
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