Routes bloquées par des arbres déracinés, poteaux ou pierres, nombreux distributeurs automatiques vides, majorité des stations essence fermées: Guwahati, plus grande ville du nord-est indien, donnait à voir vendredi matin des scènes de dévastation.
Se préparant à une nouvelle journée de manifestations, les habitants de la ville se pressaient d'acheter les denrées essentielles.
Les protestataires dénoncent le passage cette semaine, par le pouvoir nationaliste hindou, d'une loi facilitant l'attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d'Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan - à condition qu'ils ne soient pas musulmans. Ils craignent que cette législation n'entraîne un afflux dans leur région de réfugiés hindous du Bangladesh frontalier.
Les autorités du grand État d'Assam ont annoncé vendredi avoir totalement coupé internet à Guwahati. Le petit État du Meghalaya a également coupé l'internet mobile et placé plusieurs quartiers de sa capitale Shillong sous couvre-feu depuis jeudi soir.
Plusieurs milliers de personnes se rassemblaient vendredi matin dans le centre de Guwahati sous le regard de policiers antiémeutes, a constaté une équipe de l'AFP.
"Ils ne peuvent installer personne sur notre terre natale. C'est inacceptable. Nous mourrons mais nous n'autoriserons pas des étrangers à s'installer ici", a déclaré à l'AFP un manifestant.
"Nous battrons le gouvernement par la force du peuple et le gouvernement sera forcé d'abroger la loi", a dit le militant local Samujal Battacharya.
Mosaïque de peuples et d'ethnies, le nord-est pauvre de l'Inde est une région en proie à des heurts intercommunautaires fréquents. L'immigration y est un sujet extrêmement sensible pour les communautés autochtones, notamment en raison de la proximité du Bangladesh.
Abe reporte sa visite
Ces troubles ont forcé le Premier ministre japonais Shinzo Abe à reporter sa visite officielle en Inde, prévue de dimanche à mardi. Il devait rencontrer le chef de gouvernement indien Narendra Modi lors d'un sommet à Guwahati.
La police a ouvert le feu jeudi sur la foule à Guwahati, tuant deux protestataires. Ces derniers jours, des manifestants s'en sont pris à des commerces et ont brûlé des véhicules.
Des milliers de renforts supplémentaires ont été déployés pour épauler les forces de l'ordre en Assam et dans le petit État du Tripura. L'internet mobile était déjà coupé dans de nombreux endroits ces derniers jours, et des couvre-feux déclarés.
En raison de la dégradation de la situation, des centaines de passagers se sont retrouvées bloqués jeudi à l'aéroport de Guwahati. Ils ont dû être convoyés en ville par un bus sous escorte policière, via des routes où brûlaient des pneus.
Le consulat du Bangladesh à Guwahati a vu sa sécurité renforcée après que la foule a attaqué mercredi un véhicule du convoi du consul, a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Dacca.
Les défenseurs des droits humains dénoncent le "Citizenship Amendment Bill" comme discriminatoire sur des critères religieux, et s'inscrivant selon eux dans la tendance des nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi à marginaliser la minorité musulmane en Inde.
Un parti musulman a déposé un recours devant la Cour suprême pour qu'elle s'exprime sur la constitutionnalité de la nouvelle législation, l'estimant contraire à la charte fondamentale du géant d'Asie du Sud.
Le département d'État américain a appelé jeudi l'Inde à "protéger les droits des minorités religieuses", a rapporté l'agence Bloomberg.
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