Aux éventuelles polémiques sur le choix d'un site au milieu de l'Océan pacifique, à 15.000 km du coeur des Jeux, avec un décalage horaire de douze heures, Paris-2024 répond Teahupoo (prononcez "tchiopo"): c'est le nom d'une des plus spectaculaires, des plus puissantes et des plus périlleuses vagues au monde, inscrite au circuit pro masculin.
"C'est le meilleur spot français à cette période de l'année", s'est réjoui le président du comité d'organisation des JO (Cojo), Tony Estanguet, après un conseil d'administration réunissant les parties prenantes de Paris-2024 (Etat, collectivités, Cojo, mouvement sportif).
Avec un atout de taille, selon le patron du Cojo : des garanties nettement plus fortes d'avoir des vagues optimales pendant les Jeux (26 juillet-11 août 2024), grâce à la houle du sud, pour les 24 surfeurs et autant de surfeuses qui disputeront les épreuves de shortboard.
Autre argument, la possibilité d'associer un territoire d'outremer à la fête et de faire des JO "les Jeux de toute la France", un critère qui avait rapidement séduit l'Etat, ont raconté des membres du conseil d'administration à l'AFP.
"C'est un honneur et une fierté pour notre territoire, en tant que +nation française du surf+, terre d'origine de la discipline et unique candidat ultramarin, d'avoir été choisi pour participer à l'organisation d'une épreuve olympique de surf qui fera date", a réagi dans un communiqué la présidence de la Polynésie française.
récif
Devant les journalistes, le triple champion olympique de canoë a voulu déminer un par un les sujets de polémique.
Le bilan carbone d'une épreuve aussi éloignée ? Le faible nombre de spectateurs met celui de Tahiti "dans la fourchette basse des projets déposés par les candidats", y compris en ramenant les sportifs à Paris pendant la deuxième semaine des JO, a répondu Tony Estanguet.
Le public n'est-il pas sacrifié, avec une capacité estimée de 1.500 spectateurs à Teahupoo, quand les sites dans le sud-ouest de la métropole ou en Bretagne en promettaient dix fois plus ? "La population de Polynésie est plutôt ravie", a répondu Estanguet, pour qui "c'est important aussi de proposer le plus beau spectacle au maximum de personnes, et ce maximum-là c'est aussi à la télévision".
Enfin, les redoutées vagues de Teahupoo et son récif corallien à faible profondeur en font un site réputé mais dangereux, qui a été retiré du circuit féminin en 2006. "La vague de Teahupoo a été surfée pendant sept éditions par les féminines. Bien évidemment que c'est l'une des premières questions qu'on a posé aux fédérations concernées et aux athlètes et le choix est assez unanime", a répondu Tony Estanguet, en se targuant du "soutien fort" de l'une des meilleures spécialistes du surf de grosse vague Justine Dupont, qui préside la commission des athlètes de la fédération internationale.
Les concurrents de Tahiti ont accueilli la nouvelle avec fair-play. Même si l'adjoint au surf à la mairie de Biarritz, Laurent Ortiz, a taclé "le choix du surf spectacle" et a assuré que sa ville restait mobilisée jusqu'au 8 janvier 2020, quand la commission exécutive du Comité international olympique (CIO) validera à Lausanne le choix du Cojo.
Le CA de Paris-2024 a aussi entériné jeudi le choix de la place de la Concorde, qui n'apparaissait pas dans la candidature, pour accueillir plusieurs sports urbains, cinq selon l'hypothèse actuellement retenue avec l'escalade, le breakdance, le basket 3x3, le BMX freestyle et le skateboard.
Toute la place autour de l'obélisque, habituellement réservée aux voitures, au pied de l'avenue des Champs-Elysées, sera transformée en une grande arène sportive de 30.000 spectateurs, où se dérouleront aussi des concerts.
"Paris-2024 a décidé d'inviter la plus belle vague du monde et la plus belle avenue du monde", s'est réjoui Tony Estanguet, alors que d'autres lieux prestigieux de la capitale, comme la Tour Eiffel, le Grand Palais, l'esplanade des Invalides où le château de Versailles serviront aussi de décor ou de théâtre pour les compétitions.
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