Le Brexit ne constitue pas cette fois le thème central des discussions, mais les Européens auront quand même les yeux rivés sur le Royaume-Uni: le résultat des législatives de jeudi sera décisif pour l'avenir de l'accord négocié entre Londres et l'UE, qui prévoit un divorce au 31 janvier.
En l'absence du Premier ministre Boris Johnson, les intérêts britanniques seront représentés par le nouveau président du Conseil européen Charles Michel.
Ce sera le baptême du feu pour l'ancien Premier ministre belge: son premier sommet en tant que chef d'orchestre promet de longues et âpres discussions dès jeudi, où seront abordés la stratégie climatique et le budget à long terme de l'UE.
La nouvelle présidente de la Commission Ursula von der Leyen viendra défendre ses ambitions au lendemain du lancement très médiatisé de son "Pacte vert", qui a reçu un accueil contrasté.
Les dirigeants seront appelés à endosser un objectif qui figure au coeur de ce pacte: atteindre à l'horizon 2050 une "neutralité climatique", consistant à réduire au maximum les émissions de C02 et compenser le reste par des dispositifs d'absorption.
"Coûts astronomiques"
Charles Michel espère rallier les trois pays encore très dépendants des énergies fossiles, et notamment du charbon, qui font de la résistance: la Hongrie, la Pologne, la République tchèque.
Le chiffre de 100 milliards d'euros d'investissements prévus par la Commission dans le cadre d'un "mécanisme de transition juste" destiné aux régions et secteurs les plus exposés suffira-t-il à les convaincre?
Rien n'est moins sûr. La transition verte implique des "coûts significatifs et des défis pour nos économies", a souligné une source polonaise. "Une telle transition doit être juste, équilibrée d'un point de vue social et tenir compte de la situation particulière des Etats".
Le Premier ministre tchèque populiste Andrej Babis a également pointé les "coûts astronomiques" d'une conversion à la neutralité carbone, les évaluant pour son pays à 26,5 milliards d'euros. "Nous voulons que l'UE en tienne compte", a-t-il tweeté.
Il a appelé Bruxelles à considérer le nucléaire comme une source d'énergie susceptible d'être soutenue par des financements verts. Une position défendue par tous les pays qui utilisent le nucléaire dans leur bouquet énergétique, comme la France, mais à laquelle s'opposent des Etats comme l'Allemagne, le Luxembourg et l'Autriche.
La question du nucléaire a d'ailleurs empêché un accord mercredi sur la définition des investissements verts.
En pleine COP25 et au lendemain du lancement du Pacte vert, une absence de consensus sur cette neutralité carbone serait un très mauvais signal envoyé par l'UE.
L'ambition climatique de la nouvelle Commission est en outre liée à l'autre sujet qui fâche, également à l'ordre du jour, le budget pour la période 2021-2027, qui promet des débats acharnés.
"Ca va être une grande bagarre", "C'est un dossier très difficile", prévoient les diplomates européens. Charles Michel sera chargé de mener les négociations après le sommet en faisant le tour des capitales.
Il lui faudra rapprocher les points de vue entre les pays, divisés sur la proposition mise sur la table par la présidence finlandaise de l'UE, d'un budget abondé par des contributions nationales de 1.087 milliards d'euros, soit 1,07% du revenu national brut européen. Contre 1,114% proposé par la Commission et 1,3% par le Parlement.
Les coupes prévues dans la proposition finlandaise, affectent notamment la défense, les garde-frontières, le numérique et les efforts pour verdir l'économie.
L'après-Brexit sera évoqué vendredi, au lendemain du scrutin britannique et au deuxième jour du sommet, qui abordera la négociation de la future relation commerciale de Londres avec les 27. "Nous verrons le résultat des élections mais nous sommes prêts pour les prochains étapes", a assuré Charles Michel.
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