"Une poignée de pays riches à promis de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de tant de pourcents, d'ici telle ou telle année, ou d'atteindre la neutralité climatique en tant d'années", a déclaré la jeune militante du climat Greta Thunberg lors d'un événement organisé par l'ONU à la 25e conférence climat à Madrid, dont les négociations doivent finir vendredi soir.
"Cela semble impressionnant au premier abord, mais même si les intentions sont bonnes, ce n'est pas du leadership, ce n'est pas montrer la voie, c'est une tromperie", a accusé l'adolescente. "Parce que la plupart de leurs promesses n'incluent pas l'aviation, le secteur maritime, et les biens importés ou exportés, mais ils incluent la possibilité pour les pays de compenser leurs émissions ailleurs".
L'accord de Paris de 2015, qui a pour ambition de limiter le réchauffement à maximum 2°C, ne couvre effectivement pas les émissions des secteurs aériens et maritimes internationaux. Et les marchés carbone, dont des règles sont en cours de négociation, permettent aux Etats de compenser leurs émissions.
Juste avant la jeune Suédoise, désignée personnalité de l'année par le magazine Time, la directrice générale de l'ONG Greenpeace, Jennifer Morgan, a laissé éclater sa "colère" à la tribune. "Je participe à ces COP depuis 25 ans et je n'ai jamais vu une telle fracture entre ce qui se passe entre ces murs et ce qui se passe dehors", a-t-elle assuré.
"Les solutions sont juste sous nos yeux. Mais où sont les champions? Où sont les leaders? Où sont les adultes dans la salle?", a-t-elle lancé sous les applaudissements.
"Nous vivons des jours sombres de la politique climatique. Des ombres sont tapies derrière la scène: les milliards de dollars du secteur des énergies fossiles, qui d'un côté créent des gens gras et corrompus pendant que de l'autre, ils condamnent le monde et toutes ses beautés et sa diversité à la désolation", a poursuivi Jennifer Morgan. "Le coeur de l'Accord de Paris bat toujours, mais à peine".
Manque d'ambition
Les engagements actuels des Etats, s'ils étaient respectés, conduiraient à une hausse du mercure d'au moins 3°C. Les quelque 200 Etats signataires de l'Accord de Paris réunis à Madrid du 2 au 13 décembre sont donc sous pression pour faire plus et plus vite.
Mais à quatre jours de la fin de la réunion, les signes d'ambition sont faibles. Les négociations techniques des premiers jours de la COP25 n'ont pas vraiment permis d'avancer, certains points de désaccord étant d'ores et déjà repoussés à plus tard, selon des observateurs.
"Je suis peut-être plus déçu que je l'ai été lors d'autres rencontres que j'ai présidées", a lâché Paul Watkinson, en clôturant dans la nuit de lundi à mardi la session de l'un des organes de négociations de la COP qu'il préside.
A ce stade, quelque 70 pays, représentant seulement 8% des émissions mondiales, se sont engagés à relever leurs engagements climatiques en 2020. De nouveaux pourraient les rejoindre mercredi, mais aucun des principaux émetteurs, selon des observateurs.
Cette COP "semble s'être transformée en une opportunité pour certains pays de négocier des failles et d'éviter de relever leurs ambitions", a dénoncé Greta Thunberg, qui a inspiré des millions de jeunes et de moins jeunes à travers le monde.
"Des pays arrivent à trouver des façons habiles pour éviter d'engager de vraies actions", a-t-elle ajouté, évoquant aussi leur "refus de payer" pour aider les pays déjà frappés par les catastrophes climatiques.
"Au cours des jours restants, les ministres vont devoir démontrer qu'ils ont entendu l'appel des scientifiques, des jeunes et des autres demandant une action rapide", a dit Alden Meyer, de l'Union for Concerned Scientists, observateur de longue date des négociations climatiques, lors d'une conférence de presse.
Si les négociations débouchent sur "un résultat faible", "cela enverra un signal terrible au monde", a-t-il jugé.
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