Edouard Philippe s'exprimera à 12H00 devant le Conseil économique, social et environnemental et a promis d'y présenter "l'architecture" de la réforme visant à fondre les 42 régimes de retraite actuels (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires) en un seul système universel par points.
Trains à l'arrêt, lignes de métros fermées, pagaille de vélos et trottinettes, crèches et écoles au ralenti, blocages de raffineries... La France vit depuis jeudi au rythme de la mobilisation, à l'appel d'une intersyndicale FO-CGT-Solidaires-FSU et quatre organisations de jeunesse, suivie par certaines fédérations de l'Unsa, de la CFDT ou de la CFTC, voire par les cadres de la CFE-CGC.
Au premier jour, jeudi 5 décembre, plus de 800.000 personnes ont manifesté en France selon le ministère de l'Intérieur. Ragaillardie, l'intersyndicale avait convoqué une deuxième journée de mobilisation dès mardi. Celle-ci s'est soldée par une participation aux manifestations très en retrait, moitié moindre dans la majorité des cortèges. Les taux de grévistes étaient également nettement en baisse, sauf à la SNCF et à la RATP.
Mercredi à nouveau, les deux opérateurs annoncent un trafic "très perturbé", avec notamment un TGV sur quatre en circulation et dix lignes de métro fermées. La RATP a déjà annoncé que les perturbations se poursuivraient jeudi.
1975 plutôt que 1963?
Réunie mardi soir, l'intersyndicale a appelé à des actions locales jeudi et samedi, puis une journée de mobilisation interprofessionnelle mardi 17 décembre à Paris, en même temps que la manifestation des personnels hospitaliers.
Dans ce contexte, les annonces d'Edouard Philippe sont particulièrement attendues. Même si lui-même ne se fait pas d'illusions quant à leur effet immédiat. "Ce n'est pas parce que je fais un discours que les manifestations vont cesser", a averti le chef du gouvernement lors d'une réunion à huis clos avec le groupe LREM à l'Assemblée. "Il n'y a pas d'annonces magiques", a-t-il insisté.
Mardi soir, avec Emmanuel Macron, ils ont procédé aux ultimes arbitrages lors d'un dîner à l'Elysée avec des ténors de la majorité, sans que quasiment rien ne filtre, pour préserver l'effet de surprise.
Décalage dans l'application de la réforme, périodes de transition pour les régimes spéciaux, éventuelle revalorisation des carrières de la fonction publique, notamment des enseignants, âge pivot, pénibilité, droits familiaux... sont autant d'options que le Premier ministre va lever, ou non, mercredi. Il assurera le service après-vente des annonces dans le 20 heures de TF1.
Déjà évoquée dans la matinée par M. Philippe lors du petit-déjeuner de la majorité, l'idée de mettre en oeuvre la réforme à partir de la génération 1975, au lieu de 1963 comme envisagé au départ, s'est précisée à l'issue du dîner de mardi soir à l'Elysée, a-t-on appris auprès d'un participant.
Des gestes ont déjà été promis aux enseignants et aux policiers. Le gouvernement a également laissé entendre qu'il n'y aurait pas de mesure budgétaire supplémentaire avant l'entrée en vigueur de la réforme.
"Macron va distribuer"
Mais devant l'Assemblée nationale mardi, le Premier ministre a aussi répété qu'il fallait "dire la vérité aux Français, la dire tranquillement: cela passe progressivement par un allongement de la durée de travail, progressivement de façon à préserver les choix individuels de chacun".
Une position qui ne convainquait déjà pas le patron de la CFDT, Laurent Berger, avant la grève. Muet depuis le premier jour de mobilisation, sa réaction aux décisions du gouvernement sera particulièrement scrutée.
Il y a une semaine, il avait redit que si, dans la réforme, il y avait "l'idée qu'il faut travailler plus longtemps, c'est niet". "S'il y a le moindre élément de réforme paramétrique (mesure d'âge, allongement de la durée de cotisation, NDLR), la CFDT se mobilisera", a-t-il menacé.
Des gestes clairs sont également attendus par la CFTC, l'Unsa et la CFE-CGC, dont l'adhésion même partielle au mécontentement est exceptionnelle.
Les partis d'opposition, qui ne cessent de dénoncer le flou entourant la réforme, attendent le Premier ministre au tournant. A droite, on est prêt à reprocher tout recul jugé excessif face aux revendications des grévistes. A gauche, notamment la France insoumise, on continue à réclamer le retrait pur et simple d'un projet "néfaste" voire "dangereux", ce qu'Emmanuel Macron n'est en l'état pas prêt à faire.
Le président de la République, qui a fait de la "transformation" du pays, la raison d'être de son quinquennat, joue gros sur cette réforme. Et il risque de perdre des deux côtés, auprès de ses détracteurs comme de ses fidèles, en cas de recul.
Du côté des syndicats réclamant le retrait de la réforme, les annonces de mercredi sont attendues avec impatience. "Le mouvement va pouvoir rebondir, on ne pourra plus nous reprocher de combattre un projet qu'on ne connaît pas", a résumé Michel Beaugas (FO), qui s'attend à "des annonces sur les cheminots et la RATP pour l'Unsa et sur la gouvernance pour satisfaire la CFDT". "Macron va distribuer", prédit-il.
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