Après avoir prêté serment devant le Parlement, il a reçu l'écharpe présidentielle des mains de son prédécesseur, le libéral Mauricio Macri, au milieu des vivats des élus de sa coalition dans l'hémicycle et de ses supporters dans la rue.
Dans son premier discours de chef de l'Etat, il a appelé les Argentins à construire un "nouveau contrat social solidaire" et à "dépasser le mur de haine et de rancœur" qui divise le pays.
Dans l'après-midi, le nouveau chef de l'Etat entrera au palais présidentiel, la Casa rosada, où il recevra les dirigeants invités, avant la prestation de serment du nouveau gouvernement.
Un discours devant des milliers de supporters, en début de soirée sur la place de Mai, doit clore la journée.
Outre le président cubain Miguel Diaz-Canel, le Paraguayen Mario Abdo Benitez, les Uruguayens Tabaré Vazquez (président sortant) et Luis Lacalle Pou (président élu) étaient présents.
Absent de marque, le dirigeant d'extrême droite brésilien Jair Bolsonaro a finalement décidé d'envoyer son vice-président Hamilton Mourao, à la réputation de modéré.
Alberto Fernandez, un avocat de 60 ans connu pour sa discrétion et sa modération, est l'ancien chef de cabinet des ex-présidents Nestor Kirchner (2003-2007) et Cristina Kirchner (2007-2015) durant sa première année de mandat.
M. Fernandez a bénéficié de la réunification de l'opposition péroniste pour empêcher la réélection de M. Macri. Il aura pour vice-présidente Mme Kirchner, 66 ans, qui, consciente des passions qu'elle provoque, a préféré céder la première place.
Sans un parti politique derrière lui et après plusieurs années éloigné de la politique, le principal défi du nouveau président argentin sera de diriger un gouvernement de coalition, selon l'analyste Enrique Zuleta.
Dette et IVG
"Fernandez est une personne très expérimentée. Il domine les dossiers internationaux et ceux sur la dette. Il s'est très bien préparé. C'est un bon gestionnaire mais pas un homme d'Etat. Son plus grand défi sera de gérer cette coalition hétérogène", juge M. Zuleta.
Après des semaines de rumeurs, c'est finalement Martin Guzman, 37 ans, qui a été choisi pour diriger les Finances. Le poste est stratégique dans un pays qui doit rembourser une dette de 44 milliards au Fonds monétaire international (FMI), et une dette publique totale de 315 milliards de dollars.
Collaborateur à l'université de Columbia de New York du prix Nobel d'Economie Joseph Stiglitz, M. Guzman a proposé ces derniers jours un moratoire de deux ans sur le paiement des intérêts de la dette publique, via un accord avec les créanciers de l'Argentine et un rééchelonnement du remboursement du capital.
Le FMI a accordé en 2018 un prêt sur trois ans de 57 milliards de dollars à l'Argentine, mais le président élu a décidé de renoncer à la dernière tranche de ce prêt, d'un montant de 11 milliards de dollars, afin de relancer l'activité au moment où le FMI estime que celle-ci devrait se contracter de 3,1% cette année.
Le nouveau président prend ses fonctions alors que les voyants de l'économie argentine sont au rouge. Outre la chute du PIB, l'année devrait se terminer avec une inflation de 55% environ, un taux de pauvreté autour de 40%, le chômage à 10,4% et une dévaluation de la monnaie de près de 40%.
Durant ses quatre ans de mandat, M. Macri a réussi à faire passer le déficit public de 5% à 0,5% du PIB et à quasiment multiplier par deux les réserves internationales, actuellement de 43,8 milliards de dollars, contre 25,5 milliards à son arrivée fin 2015.
Malgré le sombre panorama économique, M. Fernandez hérite d'un pays relativement apaisé, aura le Parlement de son côté et du temps devant lui avant la prochaine échéance de remboursement de la dette. "S'il joue à fond, il pourra faire une grande présidence", estime M. Zuleta.
Autre dossier sensible que M. Fernandez devra gérer dans ce pays catholique et patrie du pape François: la dépénalisation de l'IVG, qui avait divisé les Argentins en 2018.
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