En République démocratique du Congo, le précieux combustible représente l'unique source d'énergie pour 80 à 90% des foyers, faute d'électricité.
De Goma à Kinshasa, sa consommation multipliée par 70 à 80 millions d'habitants grignote la forêt du bassin du Congo, vitale dans la lutte contre le réchauffement climatique actuellement évoquée à Madrid pendant la COP25.
Deuxième massif forestier tropical de la planète après l'Amazonie, il est tout aussi vital, pour ses capacités d'absorption de Co2, permettant de lutter contre le réchauffement climatique.
Marché du quartier Majengo, à Goma. Au dépôt, le makala se vend soit en sac d'une bonne dizaine de kilos, soit par morceaux disposés en pyramides dans une bassine.
"J'utilise un sac de 30 dollars tous les deux mois. C'est beaucoup par rapport à ce que je gagne", explique Mme Sekera, responsable administrative dans l'enseignement.
De retour chez elle, la mère de famille prépare la "braise" ("makala", en lingala) dans un petit réchaud-brasero à même le sol pour faire cuire le repas du soir.
"C'est très important car nous n'avons pas d'autres moyens pour la préparation des repas. Nous n'avons pas de courant", poursuit l'enseignante qui habite une modeste mais coquette maison en planches de bois.
Faute d'électricité, la quête et l'économie du "makala" rythment la vie quotidienne dans les marchés et le long des routes. C'est ce qui a sauté aux yeux du réalisateur français Emmanuel Gras, lors d'un de ses premiers tournages en RDC.
"Déforestation"
"Tous les jours, on était sur la route entre Kolwezi et Lubumbashi (sud-est). Je voyais ces charbonniers qui poussaient d'immenses chargements de charbon", a expliqué le cinéaste, qui est retourné dans le Katanga pour suivre l'un d'entre eux.
Dans "Makala", primé au festival de Cannes en 2017, le Français a retracé la chaîne de fabrication: abattage des arbres, "carbonisation" du bois à l'étouffée dans des fours en terre, transports des sacs à vélo ou à pied, vente au marché...
"Cela créé de gros problèmes de déforestation", constate-t-il sur la chaîne franco-allemande Arte. "Toute la nature autour (des villes) est assez dévastée car les villes sont comme des pompes à énergie".
C'est d'autant plus vrai à Kinshasa, et sa dizaine de millions d'habitants en croissance rapide.
Autour de la capitale, il n'y a plus d'arbres à l'est sur les plateaux Bateke ou au bord du fleuve, ni à l'ouest, sur les collines le long de la RN1 qui va à Matadi.
"Kinshasa consomme cinq millions de tonnes de bois par an, qui proviendraient de l'exploitation d'environ 60.000 hectares de forêts naturelles périurbaines", avance l'organisme français du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). "Avec l'augmentation rapide de la population urbaine (celle de Kinshasa a doublé en une génération), la pression sur les forêts naturelles s'accroît".
A Goma (un à deux millions d'habitants), la quête de la braise menace le parc naturel des Virunga, sanctuaire des gorilles des montagnes, et de groupes armés qui trafiquent tout ce qu'ils peuvent, makala compris.
C'est aux alentours de Goma que l'ONG WWF a lancé en 2007 un programme "Eco-Makala", pour épargner les arbres des Virunga.
WWF et ses partenaires ont planté des eucalyptus à croissance rapide, exploitables au bout de quatre ans.
Projet de méga-barrage
L'ONG a aussi édifié des fours à carbonisation, qui consomment moins de bois. Elle a enfin largement soutenu une entreprise locale, Goma Stove, qui commercialise des "réchauds améliorés". Ils sont supposés consommer moins de braise que les braseros traditionnels.
"Le concept est intéressant. Mais la pression reste la même (sur le parc des Virunga)", selon un observateur local.
"Le commerce du makala est un business qui pèse plusieurs dizaines de millions de dollars rien qu'au Nord-Kivu. Pour le supplanter, il faut mettre en place une autre chaîne de valeur, de la même puissance", ajoute-t-il.
Pour sauvegarder la forêt, le chef de l'État Félix Tshisekedi a placé l'accès à l'électricité parmi les priorités de son mandat.
Sur les rapides du fleuve Congo à l'ouest, un consortium hispano-chinois doit développer le projet de méga-barrage hydro-électrique Inga 3. Un serpent de mer qui est toujours à l'arrêt. Son impact sur l'environnement inquiète des habitants et des ONG.
A Goma, début octobre, dans le quartier Majengo, des techniciens installaient des poteaux électriques pour le compte de la société Virunga SARL. Une société qui veut distribuer de l'électricité produite à l'intérieur du parc.
"Même si nous avions le courant, cela ne tient pas régulièrement", s'inquiète Solange, en référence aux nombreuses coupures d'électricité ("délestages").
Le président Félix Tshisekedi a tiré la sonnette d'alarme fin août: "au rythme actuel d'accroissement de la population et de nos besoins en énergie, nos forêts sont menacées de disparition à l'horizon 2100".
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