Alors que le trafic SNCF et RATP est très perturbé depuis jeudi, jour de mobilisation massive contre le "système universel" de retraite voulu par Emmanuel Macron, un lundi noir se dessine du fait de l'affluence escomptée en gares et stations.
La SNCF prévoit d'assurer "entre 15% à 20%" de son trafic habituel, soit un TGV et un Transilien (RER SNCF et trains de banlieue) sur cinq, trois liaisons TER sur dix (essentiellement assurées par bus), un train Intercités sur cinq et un trafic international "très perturbé".
"Nous verrons une amélioration, néanmoins il va y avoir beaucoup plus de monde. Il y a donc un risque de saturation sur les gares et sur les quais", a prévenu Agnès Ogier, directrice de la communication du groupe ferroviaire, en invitant "tous ceux qui le peuvent à limiter leurs déplacements en train".
Les perspectives ne sont pas meilleures pour mardi compte tenu de la deuxième journée de mobilisation interprofessionnelle, à l'appel notamment de l'intersyndicale CGT, FO, Solidaires et FSU.
La RATP table sur un trafic en région parisienne "extrêmement perturbé" pour le début de semaine, avec dix lignes de métro sur seize fermées lundi et un "fort risque de saturation du réseau".
Pour faciliter les trajets des Franciliens, les véhicules pratiquant le covoiturage (trois personnes au moins) seront autorisés lundi à circuler sur les voies des bus et taxis sur les "grands axes qui arrivent sur Paris", à partir de 05H00, mais pas dans la capitale, selon la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.
Par où la sortie ?
Sous pression après un jeudi de mobilisation qui a jeté dans la rue plus de 800.000 manifestants, l'exécutif doit lever le voile sur une réforme des retraites encore floue.
Il défend un "système universel" par points censé remplacer à partir de 202, ou un peu plus tard, les 42 régimes existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires) et être "plus juste", quand ses opposants redoutent une "précarisation" des pensionnés.
Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont convié les ministres les plus concernés par la réforme et les dirigeants de la majorité à un "déjeuner de calage" lundi à l'Elysée. Dans l'après-midi, le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye reçoit, aux côtés de la ministre des Solidarités Agnès Buzyn, les partenaires sociaux afin de "tirer les conclusions" de la concertation relancée en septembre. Puis le Premier ministre présentera, mercredi, "l'intégralité du projet" de réforme.
Ce plan porte "une ambition de sauvetage du système social français, et pas du tout de démantèlement comme cela a pu être caricaturé", affirme l'entourage du chef de l'Etat.
"On pourra apporter des réponses extrêmement positives pour beaucoup de gens qui subissent des injustices dans le système actuel: les femmes, les agriculteurs, et ceux qui ont des parcours hachés notamment", assure Edouard Philippe.
Tout en avertissant, "déterminé": "si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd'hui, quelqu'un d'autre en fera une demain brutale, vraiment brutale".
Même détermination chez ses opposants. "Nous tiendrons jusqu'au retrait" de la réforme, dans laquelle "il n'y a rien de bon", a prévenu le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.
"Je ne négocierai pas la mise en oeuvre de ce que je qualifie (de) monstre, (de) danger pour les retraites de demain", a abondé le numéro un de Force ouvrière, Yves Veyrier.
Le gouvernement va-t-il donner des gages à des opposants syndicaux ayant retrouvé des couleurs? "Je ne pense pas que ce soit avec la CGT qu'on trouvera le chemin de la sortie de ce conflit", a lâché Elisabeth Borne.
"Il y a des propositions des organisations syndicales... C'est à ces propositions que le Premier ministre répondra mercredi", a-t-elle précisé, en pensant probablement à la CFDT de Laurent Berger. Le dirigeant du premier syndicat français, acquis au principe d'un système par points, est resté silencieux durant le week-end mais sans doute pas inactif, afin de peser sur les arbitrages du gouvernement.
Le gouvernement devra en tout cas faire preuve de pédagogie pour répondre aux inquiétudes exprimées par de nombreuses professions appelées à se mobiliser à nouveau mardi. Parmi elles, les enseignants, qui craignent que leurs pensions baissent avec les nouvelles règles: pour l'éviter, le Premier ministre s'est déjà engagé à une "revalorisation progressive" de leur traitement.
L'exécutif a d'ores et déjà intégré le fait que la discussion se poursuivra au-delà de mercredi, confie-t-on à Matignon. Et la mobilisation?
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Journée chaotique en vue avec une grève massive à la RATP sur les retraites
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