Selon le préfet du département Jean-François Colombet, interrogé en fin de journée par Mayotte la 1ère, les dernières observations de Météo-France montrent que le cyclone commence à plonger vers le sud, ce qui l'écarterait légèrement de Mayotte. Il pourrait ainsi rester à une distance de 100 kilomètres de l'île.
L'archipel voisin des Comores et l'île de Madagascar ont été de leur côté placés en alerte cyclonique respectivement orange et jaune, alors que le cyclone pourrait frapper les deux pays lundi, ont annoncé les autorités.
Des rafales de vent de 200 km/h ont été enregistrées par les satellites à 40 km seulement des côtes de Mayotte.
"Peut-être sommes-nous en train tout doucement de nous mettre à l'abri des conséquences destructrices qu'aurait pu avoir Belna", a ajouté M. Colombet.
Le préfet a précisé que "10.000 à 15.000 personnes (étaient) hébergées dans la totalité des centres de mise à l'abri" et que "globalement les gens respect(aient) l'interdiction de circuler", en vigueur depuis 16H00.
"Les mesures de confinement sont effectives, soyez TRES prudents", avait tweeté à 16H00 Jean-François Colombet, alors que les services de l'Etat appelaient les habitants à se mettre à l'abri et "ne sortir en aucun cas".
Le préfet Colombet avait décidé dans la matinée de "mettre à l'abri toutes les populations qui sont exposées".
Les forces de l'ordre et les services municipaux ont aussitôt commencé à contacter les Mahorais pour les convaincre d'évacuer les zones les plus menacées.
"On a tous peur parce qu'on ne sait pas, c'est une catastrophe naturelle, on ne sait pas si ça va durer, j'ai un petit garçon comme vous pouvez le voir, donc il ne faut pas rester chez nous comme ça, il faut venir vers la sécurité", expliquait à l'AFP Wasiati Abdallah, une jeune femme rencontrée au collège de Boueni M'titi.
La préfecture a par ailleurs décidé dimanche matin la fermeture de l'aéroport, tandis que les barges qui relient par la mer la Grande et la Petite Terre ont cessé de faire la navette.
Les habitants ont été invités à faire des réserves d'eau, dont la distribution a été coupée à l'heure du déclenchement de l'alerte rouge "pour préserver (le) réseau de distribution pour les jours à venir", précise la préfecture dans un communiqué.
Un phénomène "exceptionnel"
A M'tsamboro, une commune du nord-ouest où s'était rendu le président français Emmanuel Macron lors de sa visite fin octobre, des bâches ont été simplement disposées sur le sol d'un centre de logement d'urgence par la mairie, a constaté un correspondant de l'AFP. Certains évacués avaient apporté leurs matelas. Du mobilier avait en revanche été prélevé dans les écoles maternelles pour faire dormir les bébés.
Sur la chaîne Mayotte La 1ère, un maire a également rapporté que les habitants des zones les plus exposées qui refusaient de rejoindre les refuges publics avaient été encouragés à chercher un abri chez des proches habitant plus loin de la côte.
Dans cette même zone, des résidents étrangers ont fait état d'une rumeur selon laquelle leur statut de clandestins risquait de leur valoir une expulsion s'ils rejoignaient les abris prévus.
Dans cet archipel de 374 km2, devenu département français en 2011, 48% des 256.000 habitants sont des étrangers selon l'Insee, dont 95% de Comoriens. Ces derniers sont nombreux à tenter la traversée à partir de l'île comorienne d'Anjouan, à 70 km de là.
Nombre de Mahorais gardent le souvenir de Kamissi, le dernier cyclone passé à Mayotte, en avril 1984. A l'époque, l'habitat était majoritairement bâti en matière végétale. Il y avait eu un mort et d'importants dégâts matériels.
Le phénomène Belna est "exceptionnel pour Mayotte", selon le préfet: "Depuis 50 ans, ce sera la 3e fois que Mayotte passera aussi près des effets d'un cyclone".
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