Le photographe Maxence Rifllet a mené de multiples résidences de 2014 à 2018 dans les maisons d'arrêts de Rouen, Caen et Condé-sur-Sarthe. Les séries actuellement exposées au Centre photographique témoignent de la façon dont l'artiste a souhaité appréhender l'univers carcéral. La médiatrice Bérénice Cauchois nous en parle :
Comment ces photographies ont-elles été réalisées ?
"L'artiste a travaillé en collaboration avec les détenus. En milieu carcéral, il a été régulièrement sollicité pour animer des ateliers photographiques. Parmi les participants à ces ateliers, certains détenus choisis par le service pénitentiaire ont eu l'opportunité d'approfondir leur collaboration avec le photographe. Celui-ci leur a proposé de se mettre en scène dans leur espace de vie."
Quel est le but de cette série ?
"Cette série offre une réflexion sur l'architecture des prisons. Inspiré par l'ouvrage Surveiller et punir du philosophe Michel Foucault, mais aussi par le panopticon défini par les frères Bentham au XVIIe siècle (forme de prison idéalement conçue pour la surveillance des détenus en vue de dissuader des actes de violence), le photographe pense l'espace carcéral à la fois comme un lieu de vie et un lieu destiné à contraindre le détenu et s'interroge sur la façon dont le détenu peut s'approprier cet espace et y trouver sa place. L'exposition s'ouvre avec deux photographies placées face à face en totem de la cour centrale de la prison de Caen. Le visiteur adopte le point de vue du surveillant."
Comment la prison est-elle appréhendée par l'artiste ?
"D'une façon vraiment globale. C'est une réflexion sur la prison de manière générale. Avec la complicité des détenus et avec pour support un miroir souple, certaines photographies tentent d'ouvrir cet espace confiné et de lui offrir de nouvelles dimensions. L'œuvre majeure de cette exposition, c'est cette photo recomposée où l'on voit un même homme déambuler en cercle dans la cour destinée à la promenade quotidienne. Cette photographie pose aussi la question de la temporalité de la peine, par la représentation du mouvement. L'artiste interroge aussi le rapport d'échelle de la cellule au prisonnier dans une autre série où une jeune femme, dans des postures acrobatiques, établit un certain rapport de proportion entre son corps et les murs de sa geôle."
Pratique. Jusqu'au 1er février 2020 au Centre photographique à Rouen. Gratuit. Tél. 02 35 89 36 96
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