Les diplomaties allemande, britannique, française, chinoise, russe et iranienne se retrouvent dans la capitale autrichienne où ces pays ont signé en 2015 l'accord historique plaçant sous contrôle le programme nucléaire de Téhéran.
Le retrait unilatéral des Etats-Unis de cet accord jugé trop souple par Donald Trump a ouvert en 2018 une nouvelle période de tensions avec l'Iran, que Washington veut placer sous "pression maximale".
En représailles aux sanctions économiques rétablies par Donald Trump qui asphyxient son économie, Téhéran a multiplié depuis le mois de mai les entorses aux règles encadrant ses activités nucléaires. Dans ce contexte, les échanges entre les Européens et l'Iran se durcissent et la réunion de Vienne, entre hauts fonctionnaires des différents pays, s'annonce crispée.
A la veille de la rencontre, sous égide de l'UE, la République islamique a reçu un nouvel avertissement: l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France lui ont reproché de développer des "missiles balistiques à capacité nucléaire", en violation d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.
Ce message des trois pays est "un mensonge désespéré pour dissimuler leur misérable incompétence dans l'accomplissement du strict minimum de leurs propres obligations", a réagi sur Twitter Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères.
Escalade
Pour la première fois le mois dernier, la diplomatie européenne a mis sur la table la possibilité de déclencher un mécanisme inclus dans l'accord de 2015, pouvant mener à terme au rétablissement de sanctions de l'ONU, qui, selon de nombreux analystes, sonneraient le glas définitif de l'accord de 2015.
Engagé depuis plus de six mois dans un plan de désengagement de l'accord, l'Iran dépasse notamment le stock d'uranium enrichi prévu par le texte, le taux d'enrichissement et la quantité d'eau lourde autorisés et modernise ses centrifugeuses.
Plus les annonces s'accumulent, plus Téhéran "va épuiser les mesures les moins controversées et les plus faciles à révoquer", explique à l'AFP l'analyste Ali Vaez, de l'institut International Crisis Group. Et plus le pays pourrait se retrouver en capacité technique de fabriquer des armes nucléaires, une intention que Téhéran a toujours vigoureusement démentie.
L'Iran a annoncé pour début janvier une étape supplémentaire d'intensification de son programme nucléaire, renforçant la pression sur les pays restant parties à l'accord.
"Les deux parties sont prises dans un cycle d'escalade, il très difficile d'imaginer comment elles vont y mettre fin", estime Ali Vaez.
"L'accumulation des infractions risque de provoquer une rupture, abonde François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran. Ce ne sera peut-être pas cette fois-ci, mais ce sera certainement en arrière-plan des discussions."
La décision de déclencher le mécanisme de règlement des conflits prévu dans l'accord est cependant délicate car c'est "risquer à terme de perdre tout contrôle" sur la situation, reconnaît un diplomate européen.
Frictions multiples
L'Iran a menacé de "sérieusement reconsidérer" ses engagements envers l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) si ce mécanisme est enclenché. La présence en Iran des inspecteurs de l'AIEA chargés du contrôle des activités nucléaires menées dans le pays est l'un des principaux acquis de l'accord de 2015.
Le dialogue avec les responsables iraniens est également brouillé par la multiplication des points de discorde: chercheurs français emprisonnés en Iran, saisies de pétroliers par Téhéran et forces du régime accusées de répression meurtrière envers la contestation sociale qui a éclaté dans les villes iraniennes mi-novembre.
Le président iranien Hassan Rohani a réaffirmé mercredi que son pays n'envisageait pas de discuter avec Washington si les Etats-Unis ne lèvent pas leurs sanctions contre la République islamique.
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