La rencontre à Bento Gonçalves, dans le sud du Brésil, du bloc qui comprend également l'Uruguay et le Paraguay se déroule en pleine période de transition politique dans la région, ce qui ne laisse pas entrevoir d'annonces majeures.
L'Argentine est représentée par un président Mauricio Macri (centre droit) sur le départ: la semaine prochaine c'est le péroniste de centre gauche Alberto Fernandez, dont les relations avec Jair Bolsonaro sont exécrables, qui prendra ses fonctions.
Si M. Bolsonaro compte déjà un allié avec le Paraguay et son président Mario Abdo Benitez, ce n'est qu'à partir de mars qu'il pourra se rapprocher aussi de l'Uruguay où Luis Lacalle Pou (centre droit), fraîchement élu, arrivera au pouvoir.
En attendant, c'est la vice-présidente d'Uruguay Lucia Topolansky qui représente le président sortant de gauche Tabaré Vazquez, absent pour raisons de santé, au sommet de Bento Gonçalves.
La réunion plénière des dirigeants est prévue à 11H00 (14H00 GMT), avant la signature de divers accords puis un déjeuner et une déclaration à la presse.
Les pays du Mercosur doivent discuter de coopération policière et de la réduction du tarif douanier extérieur commun (AEC) s'appliquant aux importations en provenance de pays tiers, actuellement de 13% à 14% en moyenne.
"Viré à gauche"
Les relations de Jair Bolsonaro avec l'Argentin Alberto Fernandez --dont il va bouder la cérémonie d'investiture le 10 décembre -- sont parties du mauvais pied.
Au point de soulever de nombreuses questions sur la cohésion future du Mercosur, les relations entre ses deux poids lourds et l'avenir de l'accord de libre-échange conclu en juin avec l'Union européenne, qui est elle-même loin de l'avoir ratifié.
Mais mercredi le président d'extrême droite Jair Bolsonaro a prôné "le pragmatisme", une politique à laquelle il a fini par se résoudre par exemple avec la Chine "communiste", devant l'ampleur des enjeux économiques et commerciaux.
L'Argentine "a viré à gauche", mais "nous allons vers le pragmatisme. Si nous nous affrontons, nous sommes perdants, et l'Argentine a bien plus à perdre", a-t-il prévenu.
"Nous devons honorer les contrats. Nous ne pouvons pas rompre les contrats et les accords, car nous perdrions notre crédibilité", a ajouté M. Bolsonaro, fraîchement converti à l'ultra-libéralisme, sous la houlette de son ministre de l'Economie Paulo Guedes.
Ses propos relativement conciliants n'ont pas empêché son chef de la diplomatie Ernesto Araujo de déclarer, en recevant mercredi soir ses homologues en marge du sommet, que l'époque était révolue d'un Mercosur "protectionniste, inefficace et doctrinaire". Et de lancer une violente charge contre le socialisme, message à peine voilé au futur pouvoir argentin.
"L'objectif (du socialisme) est le pouvoir, la destruction de l'économie et du bien-être. Certains insistent pour suivre cette voie. Mais nous sommes sortis de la caverne et retournés vers la lumière", a-t-il lancé.
"Rhétorique guerrière
Brasilia a menacé de quitter le Mercosur, de peur que M. Fernandez, qui hérite d'une économie en crise, n'adopte des mesures protectionnistes.
"Cette rhétorique guerrière est une manière pour le gouvernement brésilien de se positionner à la table des discussions pour obtenir plus de concessions du gouvernement argentin", a estimé pour l'AFP Thomaz Favaro, analyste chez Control Risks.
Mais une mauvaise nouvelle venue des Etats-Unis pourrait rapprocher les deux pays latino-américains.
L'annonce lundi du président américain Donald Trump de l'imposition de tarifs douaniers sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du Brésil et d'Argentine a placé les deux pays dans le même sac -- au grand dam des Brésiliens, qui ambitionnent de devenir les alliés stratégiques de Washington.
Cette décision "devrait rapprocher le Brésil et l'Argentine. Les tensions ne sont pas à leur avantage", a estimé auprès de l'AFP Rubens Barbosa, président de l'Institut des relations internationales et du commerce extérieur (Irice).
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