Parti du Vieux-Port en fin de matinée, le long cortège, où se croisent avocats, employés du secteur de la santé, travailleurs du privé, fonctionnaires, enseignants ou retraités, a défilé dans une ambiance bon enfant derrière une banderole "RETRAIT du projet de réforme des retraites à points du gouvernement".
Plus d'une heure et demie après le départ des premiers manifestants, les derniers attendaient toujours de pouvoir quitter le Vieux-Port.
"La retraite avant l'arthrite", demande un manifestant sur un bout de carton, "81,81 % des gens n'ont pas dit oui au projet Macron", assène un deuxième.
"Cette réforme, elle est juste impossible. Hormis favoriser le privé, ce gouvernement ne fait rien pour les vraies gens, on est dans une politique des privilégiés, comment voulez vous qu'on leur fasse confiance?", s'indigne Sophie, psychologue en cancérologie pédiatrique à l'hôpital de La Timone: "Comment je vais encore pouvoir travailler à 65, 67 ans, est-ce que les ados, les enfants, voudront parler à une grand-mère? Sans parler de l'usure mentale, de la fatigue".
"Bella ciao", "La Salsa du démon", "Clandestino", de Manu Chao, les camions équipés de sonos crachent les grands classiques des manifestations. A la camionnette de l'union locale de la CGT de Vitrolles, le rhum planteur est annoncé à 2 euros. Mais les manifestants préfèrent pour l'instant hurler leurs slogans, dont le fameux "Aux armes, nous sommes les Marseillais" des supporters de l'OM.
"Cette réforme va nous tuer"
"Nous sommes ici contre le projet de loi Delevoye globalement, car nous militons pour un système solidaire, tout en préservant les spécificités de chaque régime particulier", souligne Me Céline Carru, présidente du Syndicat des avocats de France à Marseille. "Le système de retraite des avocats par exemple est autonome, autofinancé, et en 2018 nous avons même participé à la solidarité nationale à hauteur de 80 millions d'euros", ajoute-t-elle.
Hélène, 61 ans, travaille dans le secteur de la petite enfance: "Cette réforme va nous tuer, nous étrangler. Je me bats pour les générations futures", explique-t-elle, gilet jaune sur le dos, en brandissant une pancarte contre les taxes sur les produits de première nécessité.
"Défendre la retraite des jeunes": c'est aussi ce qui a motivé Christian, 57 ans, chercheur dans le nucléaire à Cadarache, à venir: "Avec ce système, on laisse trop de liberté aux gouvernement successifs qui pourront baisser le prix du point sans négociation. En fait, toutes les retraites seront individualisées, le principe de la solidarité disparaît".
"Cette réforme ne fera que des perdants et les enseignants seront les plus perdants parmi les perdants", abonde Julien Marec, professeur d'histoire-géographie dans un collège des quartiers populaire du nord de Marseille. Dans son établissement aujourd'hui, il y aurait 88% de grévistes parmi les enseignants: "Aucun CPE, aucun surveillant, il est au point mort".
Jean-Paul Boyer, 72 ans, est venu de La Ciotat, en autobus, avec Le Centaure, une association de défense des victimes de l'amiante. De 1964 à 1986, il a travaillé aux chantiers navals de sa ville et il a pris sa retraite en 2000, à 53 ans: "On avait droit à un de départ anticipé pour trois ans avec l'amiante", explique-t-il.
Sur le front politique, toute la gauche était représentée sur le pavé. Le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, député de Marseille, a notamment accusé le président de la République de vouloir ramener les Français à un système de retraite "d'avant 1910".
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