Jugés à huis clos à Evry depuis le 15 octobre, les huit condamnés ont été reconnus coupables de tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique. Ils encouraient la réclusion criminelle à perpétuité.
Le verdict, rendu sous haute surveillance policière dans une salle pleine à craquer, a été accueilli dans le calme.
Après treize heures de délibération, la cour n'a pas suivi les réquisitions du parquet qui avait demandé jeudi, au terme d'un réquisitoire de cinq heures, des peines de 20 à 30 ans de réclusion criminelle contre les 13 accusés, âgés aujourd'hui de 19 à 24 ans.
Le 8 octobre 2016, deux voitures de police stationnées à proximité de la Grande Borne, considérée comme l'une des cités les plus sensibles d'Île-de-France, avaient été prises d'assaut en plein jour par une vingtaine de jeunes.
En quelques secondes, ils avaient brisé les vitres et jeté dans l'habitacle des cocktails Molotov. Dans une première voiture, les deux sièges avant s'enflamment. Un adjoint de sécurité, âgé aujourd'hui de 31 ans, et une gardienne de la paix, 42 ans, prennent feu.
Dans l'autre voiture, les deux agents parviennent à sortir malgré le cocktail Molotov tombé sur la banquette arrière. Ils seront blessés plus légèrement.
L'agression avait eu un immense retentissement et déclenché une fronde inédite dans la police. Bernard Cazeneuve, alors ministre de l'Intérieur, avait dénoncé "un acte de guerre", "une attaque barbare, sauvage, qui était destinée à tuer".
"Demi teinte"
"Les victimes attendaient un signal fort de la justice, un message à destination de l'ensemble du peuple français, que l'on ne touche pas à un policier (...). Les peines prononcées sont extrêmement faibles par rapport à la qualification retenue", a réagi Laurent-Franck Liénard, avocat de deux des policiers brûlés.
Dénonçant un verdict "incompréhensible", il a affirmé avoir "l'impression" que ces peines "n'étaient pas à la hauteur du crime".
Même tonalité pour l'avocat Thibault de Montbrial, qui représente une des policières prises pour cible. "Compte tenu de la violence sans cesse croissante qui monte dans notre pays, des attaques quotidiennes contre les forces de sécurité intérieures, ce verdict est extrêmement inquiétant", a-t-il dit.
Du côté de la défense, certains critiquaient au contraire un verdict trop sévère.
"Quand on voit un gamin de 17 ans qui se prend 18 ans aux assises sans même que lui soit appliquée l'excuse de minorité, c'est parfaitement scandaleux. C'est un gamin de 17 ans qui a été complètement broyé par l'enquête", a réagi Me Deborah Meier-Mimran dont le client était mineur au moment des faits.
"C'est simplement une décision médiatique et c'est dramatique de voir à quel point les syndicats de police peuvent influencer l'opinion d'une cour d'assises", a-t-elle ajouté.
Me Arnaud Simonard, dont le client a été acquitté, s'est dit lui "profondément soulagé": "Je mesure le courage qui a été celui de la cour pour l'acquitter compte tenu des pressions, à chaque instant, politiques, des syndicats", a-t-il détaillé.
Les 13 jeunes identifiés par les enquêteurs étaient âgés de 16 à 21 ans à l'époque des faits. Les enquêteurs estiment qu'ils avaient planifié depuis quelques jours de "niquer des keufs".
Quelques heures avant le verdict, une cinquantaine de policiers eux s'étaient rassemblés devant le tribunal d'Evry à l'appel des syndicats Alliance et Unité SGP.
"On ne comprend pas cette décision en demi-teinte avec une forme de mansuétude et notamment des peines de seulement 10 ans", a déclaré Loïc Travers, secrétaire national Ile-de-France d'Alliance.
"C'est un déni, une négation de l'humanité des policiers, de ceux qui chaque jour risquent leur vie pour éviter que notre société ne sombre, et ça c'est juste inacceptable", a renchéri Linda Kebbab, déléguée Unité SGP Police.
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