"Nous avons trouvé des choses que nous n'attendions pas du tout!", s'enthousiasme Matthieu Berthomier, du laboratoire français de physique des plasmas, coauteur des travaux.
"Notamment que la vitesse du vent solaire n'est pas du tout régulière. Elle peut augmenter de façon très impulsive, parfois de 100/150 km par seconde. C'est très bizarre", détaille-t-il à l'AFP.
De la taille d'une voiture et protégée par un bouclier thermique très épais, la sonde Parker Solar Probe de la Nasa est la construction humaine qui s'est approchée le plus près du soleil.
"Nous attendions depuis des décennies et des décennies de comprendre ces mystères", s'est félicitée la cheffe de la Nasa pour les missions d'études du Soleil, Nicola Fox, lors d'une conférence téléphonique.
Les premières observations de la sonde nourrissent quatre études publiées mercredi dans la revue Nature et dévoilent un monde que l'université du Michigan qualifie d'"étonnamment chaotique".
"Nous avons été choqués de voir à quel point la couronne est différente quand on l'observe de près", avoue Justin Kasper, de l'université du Michigan, coauteur des travaux.
Depuis son lancement, le 12 août 2018, Solar Probe fonce à toute allure vers le Soleil (la sonde détient le record de la plus grande vitesse par unité de masse). Son objectif est de tenter de résoudre un vieux mystère: qu'est-ce qui chauffe sa couronne solaire?
La partie la plus externe de l'atmosphère solaire est curieusement 200 fois plus chaude que la surface de l'astre. Cette chaleur extrême (plus d'un million de degrés Kelvin) ne peut donc pas être générée par notre étoile puisque, selon les lois de la nature, plus on s'éloigne de la source de chaleur, plus la température baisse.
"La couronne trouve donc un moyen de se chauffer par elle-même. Nous cherchons à déterminer les processus physiques qui le permettent", explique à l'AFP Alexis Rouillard, chercheur CNRS à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie, également coauteur.
Petits orages solaires
Si ce mystère n'est pas encore résolu (il reste encore six ans à la sonde qui sera au plus près du Soleil en 2024), certaines des observations reçues permettent d'en apprendre un peu plus, notamment sur l'énigmatique vent solaire.
Ce flux de particules ionisées libérées par le Soleil prend naissance dans les couches hautes de son atmosphère. Il peut être senti jusque sur Terre, où ses tempêtes peuvent perturber le réseau électrique ou provoquer des pannes de satellites.
"Les réseaux de communication et électrique sur Terre sont maintenant très complexes, du coup les perturbations engendrées par le Soleil pourraient être très graves", explique Stuart Bale, de l'université de Berkeley en Californie. Les comprendre permettrait de les prévoir.
D'après les observations de Parker, "le vent ne serait pas un écoulement laminaire continu, non perturbé, mais serait, en grande partie, constitué de petits jets de matières chaotiques, comme des petits orages", explique Alexis Rouillard. Une surprise pour les astrophysiciens.
"Nous ne nous attendions également pas du tout à ce que ces augmentations très soudaines de la vitesse du vent solaire s'accompagnent d'une augmentation considérable de la densité des particules du plasma, elle peut doubler", ajoute Matthieu Berthomier.
Autre découverte inattendue: le comportement du champ magnétique (qui joue surement un rôle dans le mystère du chauffage de la couronne). Par moment, le champ magnétique s'inverse soudainement de 180 degrés, puis, quelques secondes ou quelques heures plus tard, se retourne, rapporte un communiqué de l'université de Berkeley.
Et ce n'est pas tout: "le vent solaire était par moment dévié de manière assez significative", la couronne solaire tournait plus vite que prévu...
"Ces observations changeront fondamentalement notre compréhension du Soleil et du vent solaire et donc notre capacité à prévoir les événements météorologiques spatiaux", juge Justin Kasper, de l'université du Michigan, coauteur des travaux.
D'autant que le bolide spatial envoie "des données tous les 150 jours", précise Matthieu Berthomier. Et ce encore pendant près de six ans.
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