La plupart des syndicats enseignants ont appelé les quelque 900.000 enseignants à la grève. Selon eux, la réforme des retraites pourrait pénaliser la profession si elle ne s'accompagne pas de revalorisations salariales. Des simulateurs ont circulé ces dernières semaines, agitant la menace de pertes pouvant aller jusqu'à 900 euros par mois.
A la veille de cette mobilisation qui s'annonce "historique" selon plusieurs syndicats, le ministre de l'Education nationale a tenté de calmer le jeu.
"La garantie que je donne aujourd'hui (mercredi), c'est que les pensions ne baisseront pas", a dit à la presse Jean-Michel Blanquer lors d'un déplacement au rectorat de Paris, promettant, pour y parvenir, des hausses de rémunérations.
Mardi, il avait déjà adressé une lettre à tous les professeurs de France dans laquelle il s'engage à garantir leur "niveau des pensions".
Mais ces promesses ne font pas reculer le corps enseignant. Selon le Snuipp-FSU, principal syndicat du primaire, près de 70% des enseignants se sont déclarés grévistes pour jeudi et 40% des écoles seront fermées. Dans les collèges-lycées, le Snes-FSU (premier syndicat du secondaire) prévoit, lui, environ 60% de grévistes.
Jean-Michel Blanquer a annoncé s'attendre à un taux de grévistes de 55% dans les écoles primaires, avec un pic de 78% de grévistes prévu à Paris.
Selon le ministère, les villes les plus mobilisées seraient ensuite Rennes (68% de grévistes), Montpellier, Versailles et Créteil (plus de 60%).
"D'après nos estimations, environ 30% des écoles pourront assurer" un service minimal d'accueil, "pour le reste, ça dépend de ce que les communes sont en mesure de faire au cas par cas", a ajouté M. Blanquer.
"Cocotte minute"
A Paris, la moitié des écoles (soit environ 300) pourraient être totalement fermées jeudi, sans qu'un accueil ne soit proposé par les services de la ville. Ce service minimum d'accueil (SMA) pourrait n'être assuré que dans trois écoles. "Je vais appeler la maire de Paris (Anne Hidalgo) pour voir si on ne peut pas faire mieux", a dit le ministre. "Ce n'est pas normal".
Dans le second degré (collèges et lycées), le ministère s'attend à un taux de grévistes d'environ 50%.
Sabine, professeure de maths dans un lycée parisien, fera partie des grévistes: "on ne peut pas accepter de perdre autant avec la réforme des retraites, tout en étant déjà pas bien payés", explique-t-elle à l'AFP.
La revalorisation promise par M. Blanquer, elle n'y croit pas du tout. "Je me méfie et je crains que ce ne soit conditionné à de nouvelles contraintes comme un allongement du temps de travail".
Comme plusieurs collègues, elle veut aussi défendre un métier "attaqué depuis plusieurs mois", selon elle, par différentes réformes.
"Le climat est détestable, la cocotte minute est sur le point d'exploser", affirme aussi Christophe, 56 ans, professeur de CP à Montreuil (Seine-Saint-Denis). "On va exiger toujours plus des enseignants, qui sont déjà à bout".
Il fera grève jeudi, mais aussi "le 6, le 9, le 10... jusqu'à ce qu'on obtienne" le retrait de la réforme, assure-t-il.
Mathilde, professeure des écoles à Nanterre (Hauts-de-Seine), prévoit aussi de poursuivre la grève après jeudi. "On va peut-être perdre 500 ou 600 euros ce mois-ci, mais si on ne fait rien, à la retraite, c'est tous les mois qu'on perdra ça", lance-t-elle.
Les assurances du gouvernement ne l'ont pas du tout convaincue. "Pour ne pas perdre en pensions, avec la réforme, il faudrait augmenter les salaires des enseignants de 1.000 euros par mois !", calcule-t-elle. Avant de conclure: "c'est tout simplement impossible d'y croire".
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