Trente ans après la chute du mur de Berlin, l'organisation héritée de la Guerre froide se trouve confrontée à des défis considérables entre la militarisation de l'espace, le retour en force de la Russie sur la scène internationale et la montée en puissance de la Chine comme puissance militaire.
Mais le démarrage des festivités mardi a été dominé par les passes d'armes découlant des déclarations récentes d'Emmanuel Macron jugeant l'Otan en "mort cérébrale" et l'appelant à revoir sa stratégie.
Il a non seulement maintenu ses propos très critiqués par ses alliés mais aussi appelé à une reprise d'un "dialogue stratégique" avec Moscou et exigé des explications de la Turquie sur son intervention contre les forces kurdes du nord de la Syrie, accusant Ankara au passage de travailler avec des extrémistes proches du groupe Etat islamique.
Autant de déclarations susceptibles de jeter le froid lors de la séance de travail prévue mercredi à partir de 10H00 GMT dans un golf de luxe de Watford, dans la banlieue de Londres, censé se concentrer sur le fond après les amabilités de mardi soir, lors d'un dîner avec Elizabeth II à Buckingham Palace puis à Downing Street avec un Boris Johnson en pleine campagne électorale.
Une déclaration doit être adoptée pour désigner l'espace terrain d'opérations pour l'Otan et prendre en compte les défis posés par l'essor de la Chine.
Le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg, devrait se voir confier une mission de réflexion sur la stratégie de l'Alliance face aux nouvelles menaces, notamment le terrorisme international.
"70 ans après, notre engagement reste dur comme la pierre vis à vis de l'Otan et du bouclier géant de solidarité qui protège 29 pays et près d'un milliard de personnes", doit déclarer le Premier ministre britannique, selon ses services. "Si l'Otan a une devise, c'est +un pour tous, tous pour un+".
"Soyons sérieux"
Ce message d'unité est mis en péril par la zizanie entre dirigeants de l'Alliance née en 1949, malgré l'appel de Jens Stoltenberg à resserrer les rangs.
Si le président français a insisté sur l'"ennemi commun" que représente le terrorisme, il s'est dit "désolé de dire que nous n'avons pas la même définition du terrorisme autour de la table", lors d'une rencontre avec Donald Trump. Il a sèchement rabroué d'un "soyons sérieux" le milliardaire américain lorsque celui-ci a expliqué que de nombreux jihadistes venaient d'Europe et lui a demandé en plaisantant s'il voulait en récupérer.
De son côté, le président américain n'a pas caché son mécontentement contre les déclarations du chef de l'Etat français qui avait jugé l'Otan en "mort cérébrale" pour dénoncer son absence de réflexion stratégique face à la Russie et au terrorisme. Le propos est "très insultant" et "très très méchant", a soutenu Donald Trump, pour qui "personne n'a plus besoin de l'Otan que la France".
Emmanuel Macron a expliqué avoir souhaité donner un coup de fouet à l'Alliance, et dénoncer les décisions unilatérales et non concertées des Etats-Unis et de la Turquie qui ont mis en péril les opérations contre l'Etat islamique en Syrie, dans lesquelles sont engagées des forces françaises et d'autres pays alliés.
Les critiques visant Ankara, déjà dans le collimateur pour son achat de système de défense antimissiles russes, ont tourné à l'incident diplomatique la semaine dernière lors que M. Erdogan a estimé que le président français était lui-même en "mort cérébrale".
Le président français a demandé à la Turquie de clarifier sa position. Mais il n'a pas obtenu satisfaction au cours d'une réunion à quatre avec le président Recep Tayyip Erdogan, la chancelière Angela Merkel et Boris Johnson avant le début du sommet. Emmanuel Macron a choisi de ne pas envenimer ses relations difficiles avec le président turc, en insistant sur la "nécessité d'avancer".
L'abcès n'est pas refermé. Au point que la France craint un blocage par la Turquie de toute avancée lors du sommet de mercredi, selon une source diplomatique.
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