Le mouvement s'annonce particulièrement suivi et pourrait durer plusieurs jours dans les transports, en raison de l'appel à une grève illimitée à la SNCF et à la RATP.
La mobilisation contre la fusion des 42 régimes actuels (privé, fonctionnaires, spéciaux, complémentaires) en un système universel par points "s'annonce forte et durable", prévient la CGT, qui a appelé à une grève interprofessionnelle avec FO, la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse.
Une intersyndicale (CGT, FO, la FSU, Solidaires, Unef, Fidl, MNL et UNL) est programmée vendredi pour envisager la suite. A l'exception notable de la CFDT, favorable à un système de retraites "universel", "plus lisible" et "plus juste".
Anticipant un mouvement long et un contexte social tendu où les mécontentements se multiplient (hôpital, urgences, polices, enseignants, cheminots, "gilets jaunes"...), l'exécutif a enchaîné les réunions ces derniers jours, dont un séminaire gouvernemental dimanche à Matignon.
De son côté, le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, reçoit encore une fois chaque organisation syndicale et patronale, avant de rendre ses conclusions à Edouard Philippe lundi 9 ou mardi 10 décembre.
En première ligne, le chef du gouvernement doit dévoiler le projet à la mi-décembre, avant une présentation au Parlement début 2020.
Il a laissé la semaine dernière une porte ouverte à une entrée en vigueur après 2025, année prévue au départ. Et à des thèmes chers aux syndicats, comme les droits familiaux, la pénibilité ou les "garanties" attendues par les enseignants, dont près de sept sur dix seront en grève.
Lundi, pour les rassurer, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est prononcé pour une revalorisation de leur salaire.
La fermeté reste toutefois de mise: "Je n'y renoncerai pas", a prévenu Emmanuel Macron, quand Edouard Philippe est "plus déterminé que jamais".
"Mécontentement social"
Mais le spectre de 1995 pèse. Alain Juppé, le Premier ministre d'alors, avait dû reculer sous la pression de la rue sur sa réforme des "régimes spéciaux".
"Il y a deux conditions pour mener à bien un tel projet: un minimum de consensus sur le bien-fondé de ce bouleversement et une confiance dans le gouvernement. Aucune de ces conditions n'est réunie", estime Bernard Thibault, ancien dirigeant de la CGT, chef de file des cheminots il y a 24 ans. Pour lui, "le mécontentement social est plus fort qu'en 1995".
Si les Français se disent très largement favorables à une réforme du système de retraites (76%), 64% ne font pas confiance au gouvernement pour la mener, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche.
L'initiative d'une grève reconductible est venue de syndicats de la RATP, après une grève le 13 septembre qui a quasiment paralysé la capitale et ses environs.
SNCF, Air France, EDF, poids lourds, avocats, enseignants ou étudiants... le mouvement a pris de l'ampleur au fil des semaines, s'étendant aux "gilets jaunes", mais aussi, côté politique, au Parti socialiste, au PCF, à la France insoumise et au Rassemblement national.
Des syndicats peu habitués à battre le pavé, prévoient de participer: la CFE-CGC va manifester, la CFTC a laissé ses syndicats "libres" de rallier et des fédérations Unsa se rassembleront devant Bercy, en présence de leur secrétaire général, Laurent Escure. Quant à la CFDT-Cheminot, à contre-courant de sa centrale, elle appelle à une grève illimitée.
Le projet de loi définissant le système "universel" de retraite est une promesse électorale d'Emmanuel Macron en 2017, à un moment où le système était à l'équilibre. Mais le Conseil d'orientation des retraites (COR) prévoit désormais un déficit, incitant l'exécutif à réfléchir à des mesures d'économies avant même l'application de la réforme.
La CFDT ne veut pas en entendre parler. Si une réforme demandant "aux personnes de travailler plus longtemps sur la carrière (...), en janvier, oui, la CFDT se mobilisera", a prévenu Laurent Berger, secrétaire général du premier syndicat français.
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