18 h 30. Cinq bénévoles de l'Autobus Samusocial se retrouvent à leur local des hauts de Rouen. Il y a 110 sandwichs à préparer pour la maraude du soir. La petite bande s'organise. Marie-France Dallet, la plus expérimentée avec 25 ans de maraude derrière elle, donne le ton. Beurre, tranche de jambon et de poulet, fromage et empaquetage. Aude Peschard, 20 ans, étudiante à Neoma, est la plus discrète. C'est ce soir-là sa toute première maraude.
"Je trouve ça important d'aider les gens qui n'ont pas ce que moi j'ai, ça rétablit un peu l'équité, même si ce n'est pas encore assez", explique-t-elle timidement.
Les sandwichs emballés, l'heure est venue de charger le camion avec, en prime, des piles de sachets de chips, du potage de la cantine centrale et du café chaud. Marie-France s'installe au volant, direction le centre-ville. Au programme de la maraude, trois points fixes. Puis une tournée aléatoire dans les rues, en lien avec le 115, le numéro de l'urgence sociale. Le temps de la route, Marie-France peut revenir sur ses souvenirs de maraude.
"Certaines sont tranquilles. Des fois, c'est plus compliqué à cause de l'alcool ou de quelques velléités entre eux. Jamais contre nous", note-t-elle.
Un détour pour récupérer les invendus des boulangeries et déjà, le camion arrive dans les jardins de l'Hôtel de ville. Il est 20 h 15.
Renouer le lien social
Une quarantaine de personnes attendent sur place. Les portes du camion s'ouvrent. Les sandwichs s'écoulent. Aude et Pascal servent la soupe et le café à quelques mètres. Et surtout, la discussion s'entame.
"Déjà ici, ils nous serrent la main, souligne Nadine qui, à 62 ans, bataille pour boucler les fins de mois avec son RSA. Il y a plus d'ouverture", reprend-elle, en évoquant d'autres soupes populaires plus "expéditives". C'est ce que visent les bénévoles de l'Autobus, dont Jean-Claude, retraité. "Il faut être convivial, ça leur fait du bien de rire un peu", lance-t-il avec sa bonhomie naturelle.
Avis partagé par Flo, 31 ans, un bénéficiaire habitué de l'autobus, sans-abri depuis un an. "Ils sont très cool, on mange un petit sandwich et on discute", lance-t-il, café à la main. Un moment de chaleur humaine avant de passer la nuit dans "la cabane" qu'il s'est aménagée. "Les gens, a priori ne meurent pas de faim, explique Marie-France, évoquant les multiples associations sur ce créneau. Là où le bât blesse, c'est qu'ils n'ont personne à qui parler", explique-t-elle, évoquant les dons comme un prétexte pour créer du lien.
Au bout d'une petite heure, les portes du camion se referment, chacun retrouve sa vie, et la maraude se poursuit vers les autres points fixes, inlassablement, comme chaque soir de l'hiver, jusqu'à 2 h du matin. Les bénévoles regagneront leur foyer avec le sentiment d'essayer de faire une différence, même si la demande augmente constamment, notamment chez les plus jeunes. "Dans son lit chaud, on se dit qu'on a de la chance, décrit Marie-France, car on sait qu'on a laissé des gens derrière nous sur des cartons."
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