Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes par millions... Depuis un an, les pays signataires de l'accord de Paris sont la cible d'une pression sans précédent que résume le mot d'ordre de ces deux semaines de réunion: #TimeforAction.
"Nous ne pouvons plus remettre à plus tard l'action climatique", a confirmé la ministre espagnole de l'Environnement Teresa Ribera, dont le pays accueille au pied levé la COP25 après le désistement du Chili, qui assure toutefois sa présidence.
Ce même message a été martelé sans relâche par l'ONU à l'approche du rendez-vous.
"Le point de non-retour n'est plus loin à l'horizon, il est en vue et se rapproche de nous à toute vitesse", a déclaré dimanche son secrétaire général Antonio Guterres, dénonçant des engagements "totalement insuffisants" contre le réchauffement.
"Depuis des décennies, l'espèce humaine est en guerre contre la planète et la planète rend coup pour coup. Nous devons mettre fin à notre guerre contre la nature", a-t-il lancé.
Chaque degré compte
Quelques jours plus tôt, le Programme de l'ONU pour l'environnement portait un coup aux espoirs d'atteindre l'objectif idéal de l'accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès l'an prochain et jusqu'à 2030. Alors qu'il n'y a aucun signe qu'elles commencent à baisser.
Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter l'ampleur des dérèglements.
Or au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu'à 4 ou 5°C d'ici à la fin du siècle. Et même si les Etats respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C.
"Ce qui manque toujours, c'est la volonté politique", a déploré Antonio Guterres, pointant en particulier du doigt, sans les nommer, les pays les plus émetteurs de CO2, "qui ne font pas leur part".
"Certains pays comme la Chine et le Japon donnent des signes de leur réticence à augmenter leur ambition", a estimé Laurence Tubiana, architecte de l'accord de Paris.
Quant aux Etats-Unis, ils viennent de confirmer leur retrait de cet accord l'an prochain, même si le "peuple américain" est engagé contre le changement climatique, a assuré l'influente présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, qui devrait être lundi à Madrid.
Les yeux vers l'UE
Dans ce contexte, les yeux se tournent vers l'Union européenne et son tout nouvel exécutif qui sera présent lundi, aux côtés d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernements, dont une quinzaine de l'UE.
La Commission européenne, dont la nouvelle présidente Ursula Von der Leyen s'est engagée pour un "green deal" européen, "est le nouvel élément politique de la COP25", note ainsi Mme Tubiana. Elle espère que, lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, les 28 pourront s'entendre sur l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050.
Mais même dans ce cas, il faudra encore attendre 2020 pour que l'UE présente une révision de ses ambitions à plus court terme.
Aujourd'hui, seuls 68 pays se sont engagés à revoir à la hausse leurs engagements de réduction d'émissions de CO2 en 2020, avant la COP26 à Glasgow. Mais ils ne représentent que 8% des émissions mondiales, selon les experts.
"Les décideurs doivent montrer qu'ils se préoccupent des communautés vulnérables les plus à risque, et pas des industries puissantes et motivées par le profit", a plaidé Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International.
Outre les actions, les pays du Sud attendent de leur côté plus d'aide et de soutien des pays du Nord pour faire face aux impacts du changement climatique.
"Nous appelons ceux qui sont le plus responsables de cette crise à honorer leur responsabilité envers les plus vulnérables, en ne sacrifiant pas les Etats insulaires en voie de développement", a ainsi plaidé le groupe Aosis, représentant ces petites îles particulièrement menacées par la montée des océans.
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