- Mireille Mousnier, 57 ans, postière, Paris
"J'ai une tournée de 7km à effectuer entre 9H00 et 13H00, et là où j'avais deux rues autrefois, j'en ai cinq aujourd'hui. Je rentre au bureau lessivée... Quand on est facteur, c'est le contact humain qu'on apprécie mais il est quasi inexistant aujourd'hui. Je ne tiendrai pas jusqu'à 62 ans, j'espère pouvoir partir avant.
Ca fait dix ans que je suis à temps partiel et quand je fais une simulation de ma retraite sur Internet, j'en pleure. Même avec le complément enfant, je suis à 1.100 euros par mois, je ne sais pas comment je vais faire."
- David Gimenez, 45 ans, conducteur de bus, Marseille
"Les intentions du gouvernement ne sont pas d'aller vers le mieux dans les acquis sociaux. Le gouvernement veut inciter les gens à souscrire à des retraites privées. Il essaie de faire croire qu'il ne s'en prend qu'aux régimes spéciaux, c'est faux. On veut nous faire soit travailler plus, soit cotiser sur des fonds privés.
Je suis affecté depuis 24 ans à une ligne de bus traversant les quartiers Nord de Marseille et je suis confronté quotidiennement à la violence, aux horaires décalés, au travail le dimanche. J'aspire à une retraite tranquille."
- Ludovic (prénom modifié à sa demande), 40 ans, enseignant, Paris
"Les enseignants comptent sur le contrat moral lorsqu'ils s'engagent dans la fonction publique. Les salaires sont moindres que dans le privé et on a fait ce choix pour servir le bien public, par vocation, par plaisir.
Avec cette réforme, il y a clairement une rupture de contrat. Si la retraite est calculée sur l'ensemble de la carrière (comme ce que préconise la réforme), les profs y perdront énormément. Nos débuts de carrière sont difficiles, on reste en ZEP (zones d'éducation prioritaires) contre vents et marées, parfois pendant dix ans: la moindre des choses c'est de nous garantir une bonne retraite. Au final, c'est le service public qui se dégrade et, à force de dégoûter les vocations, on va avoir une baisse de qualité des compétences des professeurs."
- Frédéric Bruchon Bienfait, 47 ans, conducteur routier, Jura
"Je suis conducteur routier depuis 25 ans. Nous jouissons du CFA (congé de fin d'activité) qui a été mis en place pour contrebalancer la pénibilité de notre travail et qui nous permet de partir plus tôt à la retraite. C'est un régime plus favorable que les régimes spéciaux mais nous n'avons aucune garantie de sa pérennité au-delà de 2023.
D'autant que le métier a totalement changé: avant, le rêve d'un routier, c'était de partir en Sicile, de voyager à l'étranger. Aujourd'hui, on ne fait plus de grandes distances car on coûte plus cher qu'un travailleur détaché. On roule beaucoup plus de nuit, on fait davantage d'horaires décalés. Avoir réduit la vitesse à 80km/h nous impacte également: il y a une vigilance de tout instant, accentué par les radars... Cela rajoute un stress phénoménal au conducteur. En conséquence, il y a un grand nombre de cas d'accidents cardio-vasculaires."
- Alexis Chabrol, 24 ans, RH chez Orange, Marseille
"Pour moi, la retraite c'est loin. Mais ce qui est profondément injuste dans la réforme, déjà, c'est que les fonctionnaires sont bien moins payés que les salariés du privé. Chez Orange, les fonctionnaires touchent une prime tous les mois. Mais ces primes ne seront pas prises en compte par la suite: l'écart des salaires sera fortement ressenti à la retraite. Moi, personnellement, j'ai ouvert un plan épargne retraite, on ne sait jamais."
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