Réunis à Brunswick (nord-ouest), les quelque 570 délégués de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) ont désigné Tino Chrupalla, un député de 44 ans issu de Saxe qui bénéficie du soutien de la frange la plus radicale du parti, pour succéder au patriarche Alexander Gauland, 78 ans, qui souhaitait passer la main.
Ils ont aussi reconduit pour deux ans le député européen Jörg Meuthen, qui incarne un courant "modéré" représenté surtout dans l'ouest du pays mais en perte de vitesse au profit des radicaux.
M. Chrupalla, un peintre en bâtiment originaire de l'ex-RDA où l'extrême droite a enchaîné les succès électoraux, s'est présenté comme un rassembleur en ménageant largement la frange la plus radicale, l'"Aile" ("Der Flügel").
Incarnée par le chef de file de l'AfD en Thuringe, le très controversé Björn Höcke, elle accroît son emprise sur le parti à la faveur de ses succès récents dans trois régions de l'ex-RDA.
Est et ouest
Tino Chrupalla a insisté sur la nécessité d'une direction "avec des représentants issus de l'est et de l'ouest (...) des diplômés d'université et non diplômés" afin d'envoyer un "signal historique" aux électeurs de l'AfD.
L'extrême droite doit gagner de nouveaux électeurs "avec des contenus convaincants", a répété l'entrepreneur qui avait pris soin de répéter que s'il n'appartient pas à "l'Aile", ce courant faisait "partie intégrante" de l'AfD.
Dans le Brandebourg, en Saxe et en Thuringe, les trois régions d'ex-RDA où se sont tenus en septembre et octobre des élections régionales, l'AfD a chaque fois raflé plus de 20% des voix pour se hisser à la deuxième place.
Dans deux des trois Länder, elle a même dépassé les conservateurs de la chancelière Angela Merkel.
Résultat: les fédérations orientales réclamaient pour elles l'un des deux postes de direction.
En ex-RDA, les électeurs n'ont pas été effrayés par le passé ou les liens de certains candidats avec la mouvance néonazie.
L'"Aile"
L'"Aile" est particulièrement active dans ces régions souvent économiquement à la traîne, où vivent peu d'étrangers et qui ont parfois vu l'arrivée de réfugiés et migrants comme une menace.
Dans le collimateur de l'Office de protection de la Constitution, ce courant radical identitaire remet en cause la culture de la repentance pour les crimes nazis, socle de l'identité allemande d'après-guerre.
Jörg Meuthen, un économiste de 58 ans, issu du prospère Bade-Wurtemberg, a de son côté insisté sur le fait que l'objectif de l'AfD devait être de se préparer à gouverner alors que les grands partis comme la CDU d'Angela Merkel et les sociaux-démocrates SPD sont, selon lui, en bout de course.
"Nous devons être prêts. L'Allemagne a besoin de nous", a-t-il martelé.
L'AfD, a-t-il assuré, s'est largement professionalisé ces dernières années. "Maintenant nous entamons l'étape de montagne", a-t-il jugé en se prononçant clairement contre une radicalisation du parti.
En marge du congrès, quelque 20.000 manifestants, selon les organisateurs, se sont rassemblés dans le centre de Brunswick pour protester contre la présence de l'extrême droite.
Aux cris de "Dégagez!" et "Toute l'Allemagne hait l'AfD", des protestataires se sont aussi rassemblés devant l'enceinte où se tient le congrès, sifflant les militants de l'AfD à leur arrivée.
Un important contingent de policiers était déployé dans toute la ville.
A l'ouverture des débats, Alexander Gauland, qui reste co-président du groupe parlementaire, avait assuré que l'AfD, "parti du peuple et des petites gens", avait "changé ce pays" en six ans seulement d'existence.
Outre son credo anti-réfugiés et anti-islam, ce mouvement travaillé par des rivalités incessantes depuis sa création en 2013 se caractérise par le rejet virulent de la chancelière et un climatoscepticisme assumé.
Troisième force politique au Bundestag, derrière la CDU et le SPD, l'AfD stagne actuellement au niveau national entre 13 et 15% des intentions de vote.
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