Les quelque 570 délégués de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) ne doivent voter qu'en fin d'après-midi pour élire une direction bicéphale, un scrutin qui permettra de jauger le futur cap qu'entend prendre le parti après une série de succès électoraux en ex-RDA.
Quelque 20.000 manifestants, selon les organisateurs, se sont réunis dans le centre de Brunswick pour protester contre la tenue de ce congrès.
Répondant à l'appel d'un collectif d'associations de gauche et de syndicats, ils se sont retrouvés en milieu de journée sur l'une des principales places de la ville pour délivrer "un signal clair que personne à Brunswick ne veut de l'AfD", s'est félicité l'un des organisateurs, Udo Sommerfeld.
'Dégagez!'
Aux cris de "Dégagez!" et "Toute l'Allemagne hait l'AfD", des protestataires se sont aussi rassemblés devant l'enceinte où se tient le congrès, sifflant les militants de l'AfD à leur arrivée.
Un important contingent de policiers était déployé dans toute la ville.
A l'ouverture des débats, le patriarche et co-président sortant de l'AfD, Alexander Gauland, 78 ans, a annoncé qu'il voulait "aujourd'hui laisser la place à un plus jeune" à la tête du parti, créé il y a six ans seulement.
Inconnu du grand public, Tino Chrupalla, peintre en bâtiment de 44 ans et député d'une circonscription de Saxe où l'extrême droite réalise ses meilleurs scores, entend lui succéder.
"Nous avons réussi quelque chose dont personne ne nous croyait capable en 2013", s'est félicité M. Gauland, en tirant le bilan de son parti qui a fait une entrée en force au Bundestag il y a deux ans.
'Petites gens'
L'AfD, "parti du peuple et des petites gens" a "changé ce pays", a-t-il ajouté.
Inconnu du grand public, Tino Chrupalla, ancien militant du mouvement de jeunesse de la CDU d'Angela Merkel, bénéficie des faveurs des "modérés" comme de la frange la plus radicale, "l'Aile" emmenée par le chef de file de l'AfD en Thuringe, le très controversé Björn Höcke.
Le soutien de "l'Aile" ("Der Flügel") s'avère indispensable au moment où ce courant étend son emprise sur le parti à la faveur de succès électoraux récents dans trois régions d'ex-RDA.
Dans le Brandebourg, en Saxe et en Thuringe, l'AfD a chaque fois raflé plus de 20% des voix pour se hisser à la deuxième place.
Le passé et les liens de certains candidats avec la mouvance néonazie n'ont pas effrayé les électeurs alors que l'Aile remet en cause la culture de la repentance pour les crimes nazis, socle de l'identité allemande d'Après-guerre.
Tino Chrupalla, que Steve Bannon, l'ancien stratège de Donald Trump, avait rencontré en mai à Berlin, a pris soin de répéter que s'il n'appartient pas à "l'Aile", ce courant faisait "partie intégrante" de l'AfD.
L'autre poste est convoité par le co-président sortant, le député européen Jörg Meuthen qui souhaite rempiler pour deux ans. Cet économiste de 58 ans, issu du prospère Bade-Wurtemberg, incarne un courant "modéré" représenté surtout dans l'ouest mais de plus en plus marginalisé au profit des radicaux.
Mais d'autres prétendants pourraient jouer les trouble-fête, en particulier le député berlinois Gottfried Curio, un physicien de 59 ans connu pour ses diatribes anti-migrants et qui jouit d'une bonne popularité auprès des militants grâce à des discours-chocs.
Parmi les autres prétendants: Wolfgang Gedeon qui fait toutefois l'objet d'une procédure d'exclusion pour avoir à maintes reprises proféré des propos antisémites.
La députée Nicole Höchst, qui a comparé Angela Merkel à Adolf Hitler, veut également se lancer dans la bataille.
Une surprise de dernière minute n'est jamais exclue dans ce mouvement, travaillé par des rivalités incessantes depuis sa création en 2013. Outre son credo anti-réfugiés et anti-islam, il se caractérise par le rejet virulent de la chancelière et un climatoscepticisme assumé.
Troisième force politique au Bundestag, derrière la CDU et le SPD, l'AfD stagne actuellement au niveau national à entre 13 et 15% des intentions de vote.
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