"On ne peut pas se permettre de jeter du nickel à la poubelle alors que dans 60 ans il n'y en aura plus", glisse à l'AFP Cédric Breuze, "guitariste depuis 25 ans" et président, à 34 ans, de Music Solidarity, association née début 2012 (www.musicsolidarity.com).
Son but ? Donner une seconde vie aux métaux composant les cordes de guitares, basses, violons ou pianos pour lutter, à son niveau, contre le gaspillage et financer, par la revente des métaux, l'envoi d'instruments vers l'Afrique.
Lancée pianissimo il y a quelques mois, l'initiative monte doucement en gamme, avec désormais près de 80 points de collecte partout en France : studios de répétition, écoles de musique, MJC, magasins de musique, etc.
"Je lui ai récemment envoyé un premier colis d'une dizaine de kilos", se réjouit Tom Marceau, luthier près de Rennes, qui lui réserve désormais les cordes et autres pièces métalliques qu'il portait avant en déchetterie.
Chez Star's Music, grand magasin spécialisé parisien, une affiche sensibilise les clients depuis quelques mois aux caisses. "Pour le moment, il n'y a pas encore beaucoup de gens qui viennent rapporter les cordes usagées, on récupère principalement les cordes usagées du magasin. Mais si cela peut inciter les gens, ce serait stupide de ne pas le faire", souligne le directeur Davy Dupré.
Reste à mettre en place le recyclage effectif des métaux récupérés. L'association souligne avoir trouvé une "société spécialisée dans le traitement des métaux précieux", comme l'or, contenus dans les cartes mères des téléphones portables ou des ordinateurs.
Avec Thiefaine en soutien
Plus des trois-quarts des cordes de guitares électriques sont constituées d'une "âme" en acier entourée d'un filetage en nickel, explique Cédric Breuze. D'autres métaux sont aussi dans son viseur, comme le tungstène présent dans des cordes de violons ou le cuivre présent dans celles de pianos.
L'association collecte aussi des cymbales cassées de batteries, faites en bronze (alliage de cuivre et d'étain) et contenant parfois de l'argent.
Pour certains métaux, comme le nickel, améliorer le recyclage est crucial : les réserves mondiales sont évaluées à 40 à 60 ans de production.
Mais les adeptes de six-cordes vont-ils jouer le jeu ?
"On voit le temps que cela a pris pour les cartons ou le verre dans la vie de tous les jours. Ca va être long...", craint Guillaume Sciota, directeur commercial de Guitar Shop, magasin bordelais associé au projet.
"La grosse problématique pour que mon association vive, c'est de savoir quel volume de cordes va être nécessaire" pour couvrir les frais de fonctionnement, reconnaît de son côté Cédric Breuze, rappelant que le nickel peut être réutilisé pour faire des piles rechargeables, des horloges ou des fourchettes.
A la bourse des métaux de Londres (LME), le nickel se négocie actuellement autour de 16.000 dollars la tonne.
"Je ne sais pas si mon projet est économiquement viable, mais je sais que c'est bon pour la planète...", ajoute le "patron" de Music Solidarity, qui profite des festivals d'été pour se faire connaître du milieu musical.
Aux Eurockéennes, il a collecté les cordes du groupe The Cure et a reçu une promesse d'engagement du chanteur Hubert-Félix Thiefaine.
De vendredi à dimanche, il poursuit sa "tournée" de promotion au festival Reggae Sun Ska, en Gironde.
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