En marge du congrès, des manifestations d'un collectif d'associations de gauche et de syndicats, qui attendent jusqu'à 12.000 personnes, devaient aboutir à un important rassemblement dans le centre de Brunswick.
Le patriarche et co-président sortant de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), Alexander Gauland, 78 ans, a annoncé en ouvrant un congrès de deux jours qu'il voulait "aujourd'hui laisser la place à un plus jeune" à la tête du parti, créé il y a six ans seulement.
L'AfD se prépare à un "changement de génération partiel" lors de ce congrès qui marquera "une étape importante", a-t-il ajouté.
L'Aile
Quelque 600 délégués doivent élire une nouvelle direction et l'issue du vote, qui pourrait intervenir tard, permettra de jauger le futur cap qu'entend prendre le parti, de plus en plus tenté par une radicalisation identitaire.
A l'extérieur, aux cris de "Dégagez!" et "Toute l'Allemagne hait l'AfD", des protestataires se sont rassemblés devant l'enceinte où se tient le congrès, sifflant les militants de l'AfD à leur arrivée.
Un important contingent de policiers était également déployé dans toute la ville.
Selon la presse, lors d'une réunion de crise en début de semaine, les principales figures dirigeantes de l'AfD se sont mises d'accord sur le nom d'un successeur pour M. Gauland: Tino Chrupalla, peintre en bâtiment de 44 ans et député d'une circonscription de Saxe où l'extrême droite réalise ses meilleurs scores.
Inconnu du grand public, cet ancien militant du mouvement de jeunesse de la CDU d'Angela Merkel, bénéficie des faveurs des "modérés" comme de la frange la plus radicale, "l'Aile" emmenée par le chef de file de l'AfD en Thuringe, le très controversé Björn Höcke.
Le soutien de "l'Aile" ("Der Flügel") s'avère indispensable au moment où ce courant étend son emprise sur le parti à la faveur de succès électoraux récents dans trois régions de l'ex-RDA.
Dans le Brandebourg, en Saxe et en Thuringe, l'AfD a chaque fois raflé plus de 20% des voix pour se hisser à la deuxième place.
Le passé et les liens de certains candidats avec la mouvance néonazie n'ont pas effrayé les électeurs alors que l'Aile remet en cause la culture de la repentance pour les crimes nazis, socle de l'identité allemande d'Après-guerre.
Tino Chrupalla, que Steve Bannon, l'ancien stratège de Donald Trump avait rencontré en mai à Berlin, a pris soin de répéter que s'il n'appartient pas à "l'Aile", ce courant faisait "partie intégrante" de l'AfD.
L'autre poste est convoité par le co-président sortant, le député européen Jörg Meuthen qui souhaite rempiler pour deux ans. Cet économiste de 58 ans, issu du prospère Bade-Wurtemberg, incarne un courant "modéré" représenté surtout dans l'ouest mais de plus en plus marginalisé au profit des radicaux.
Anti-migrants
Mais d'autres prétendants pourraient jouer les trouble-fête, en particulier le député berlinois Gottfried Curio, un physicien de 59 ans connu pour ses diatribes anti-migrants et qui jouit d'une bonne popularité auprès des militants grâce à des discours-chocs.
Parmi les autres prétendants: Wolfgang Gedeon qui fait toutefois l'objet d'une procédure d'exclusion pour avoir à maintes reprises proféré des propos antisémites.
La députée Nicole Höchst, qui a comparé Angela Merkel à Adolf Hitler, veut également se lancer dans la bataille.
Une surprise de dernière minute n'est jamais exclue dans ce mouvement, travaillé par des rivalités incessantes depuis sa création en 2013. Outre son credo anti-réfugiés et anti-islam, il se caractérise par le rejet virulent de la chancelière et un climatoscepticisme assumé.
Troisième force politique au Bundestag, derrière la CDU et le SPD, l'AfD stagne actuellement au niveau national à entre 13 et 15% des intentions de vote.
D'abord un parti anti-euro, l'AfD a ensuite évolué vers une formation anti-migrants et anti-Merkel en rejetant avec véhémence la politique d'ouverture des frontières prônée par la chancelière en 2015 et 2016 quand le pays a accueilli un million de demandeurs d'asile.
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