L'avance persistante des Tories en intentions de votes a été confirmée par l'institut YouGov dans une enquête très attendue car fournissant pour la première fois dans cette campagne une estimation en sièges, indication importante vu le mode de scrutin à la majorité simple dans chaque circonscription.
Si les Britanniques se rendaient aux urnes jeudi, les conservateurs rafleraient une majorité de 68 sièges à la Chambre des Communes avec 359 sièges (+42 par rapport à 2017). Le Parti travailliste, principale formation d'opposition, subirait un camouflet en tombant à 211 sièges (-51).
Réalisée en interrogeant quelque 100.000 personnes, cette enquête était d'autant plus scrutée que sa méthode avait permis en 2017 de prévoir le Parlement sans majorité finalement élu malgré l'avance des conservateurs dans les autres sondages.
Ce résultat avait abouti à une impasse totale sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, d'où la nécessité de convoquer le 12 décembre les troisièmes législatives du pays en quatre ans.
Au niveau national selon YouGov, les conservateurs récolteraient cette fois 43% des votes - leur meilleur score depuis 1987 - et les travaillistes 32%, réduisant le Labour à un nombre de sièges qu'il n'avait plus connu depuis 1983.
"Fissures" dans les régions pro-Brexit
Les gains des Tories se feraient surtout "aux dépens du Labour dans le Nord et les Midlands", dans le centre de l'Angleterre, a expliqué le directeur de la recherche politique de YouGov, Chris Curtis.
Le phénomène est particulièrement marquant dans les circonscriptions travaillistes ayant voté à une forte majorité pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne lors du référendum de 2016, entraînant des "fissures dans leur mur rouge", a-t-il précisé dans un communiqué.
Boris Johnson a fait de la mise en œuvre du Brexit l'axe principal de sa campagne. Il s'est engagé dans son programme à le réaliser sans faute le 31 janvier, date à laquelle il est désormais prévu après trois reports.
Face à lui, le leader travailliste Jeremy Corbyn a beaucoup été critiqué pour son indécision sur cette question, promettant de négocier un nouvel accord avec Bruxelles et de le soumettre à un référendum, affirmant qu'il resterait "neutre" dans la campagne.
Résultats "beaucoup plus serrés"
Le gouvernement comme l'opposition ont appelé à ne pas prendre pour argent comptant les prévisions.
"Croyez-moi, les choses sont BEAUCOUP plus serrées qu'elles n'y paraissent et la possibilité d'un Parlement sans majorité est réelle", a averti Dominic Cummings, proche conseiller du Premier ministre, semblant craindre une démobilisation des électeurs.
Sur son blog, il a appelé les partisans du Brexit à "prendre leur carnet d'adresses" pour motiver leur entourage à aller voter, afin d'éviter le "cauchemar" d'un nouveau Parlement sans majorité.
Côté travailliste, Jonathan Ashworth a insisté sur le fait qu'il restait "encore deux semaines de campagne", concédant sur ITV que si ces prévisions se concrétisaient, il s'agirait d'une "victoire éclatante" pour le camp conservateur.
Selon la BBC, le Labour, qui mène une campagne très à gauche en promettant nationalisations et investissements dans les services publics, a décidé de changer de stratégie pour se concentrer davantage aux régions pro-Brexit, mettant en avant ses membres favorables à une sortie de l'UE.
"Nous allons évidemment faire tout notre possible pour réduire ces écarts présents dans les sondages", a assuré le député du Labour Barry Gardiner sur la BBC, disant cependant ne pas être au courant d'un revirement stratégique.
Jeremy Corbyn a traversé un début de semaine difficile avec la résurgence des accusations récurrentes sur son inaction supposée à lutter contre l'antisémitisme dans les rangs du Labour.
Face aux promesses très à gauche des travaillistes, les conservateurs cherchent à faire oublier l'austérité mise en oeuvre par leurs gouvernements depuis dix ans, promettant dépenses d'infrastructures, embauches de policiers et constructions d'hôpitaux.
Ces surenchères ont poussé l'influent Institute for Fiscal Studies (IFS) à avertir jeudi qu'aucun des programmes des grands partis n'était "crédible".
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