"Quelle est la raison de votre appel ?", lui demande le président de la cour, Eric Seguy, en entamant son interrogatoire sur les faits.
"C'est un droit que la justice française me donne, je le saisis parce que je n'arrive pas bien à voir en quoi je suis coupable et quels sont les faits qu'on me reproche", répond l'archevêque de 69 ans, condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis. Il avait fait appel du jugement le lendemain.
"J'ai reconnu des torts ou des difficultés mais je n'ai pas pensé que j'avais à aller devant la justice, et je crois que lui non plus, lors de ma rencontre avec M. Hezez en 2014", a ajouté M. Barbarin. "Ce n'est passé ni dans sa tête, ni dans la mienne."
Alexandre Hezez, un ancien scout de la région, avait mis au courant le cardinal, en 2014, des agressions qu'il avait subies dans les années 1980 d'un prêtre du diocèse, Bernard Preynat, aujourd'hui défroqué et dans l'attente de son procès en janvier.
"Les faits pour lui étaient prescrits et empêchaient une action devant la justice, j'ai donc agi devant mon autorité à moi, celle de Rome", se défend l'archevêque.
En 2015, M. Hezez avait finalement pris la décision de porter plainte auprès du parquet de Lyon malgré cette prescription, déclenchant l'ouverture de l'enquête sur Preynat, dont neuf victimes ont ensuite décidé de poursuivre le cardinal pour non-dénonciation.
Philippe Barbarin, prostré sur le banc des prévenus en écoutant le président résumer les faits, s'est ensuite exprimé d'une voix assurée à la barre, comme en première instance.
Il assure qu'avant 2014, lui n'a rien su de précis sur les agissements de Preynat alors qu'il pourrait "donner les noms d'une quinzaine de familles qui savaient et qui regrettent aujourd'hui de n'avoir rien dit". "Une victime m'a dit: +je vous attaque vous car je ne vais pas attaquer mon père, quand même+", poursuit-il.
En 2010 pourtant, il avait convoqué le prêtre pour l'interroger sur son passé, avant de le renommer à la tête d'une paroisse. Mais son seul souci, explique-t-il, était alors de savoir s'il avait pu recommencer ses agressions après 1991.
"Pourquoi on me reproche de l'avoir cru ? On ne le reproche pas à la police aujourd'hui alors qu'il est libre et qu'il peut aller à la sortie d'une école s'il le souhaite", lance le cardinal à la cour, sans sourciller.
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